Covid-19 et confinement : qu’en est-il du cinéma ?

Je ne vous apprends rien en vous disant que la situation actuelle est exceptionnelle. Beaucoup d’industries sont touchées des suites des différentes mesures prises par l’État. L’industrie du cinéma ne fait pas exception.

Mais alors, que se passe-t-il aujourd’hui pour le cinéma ?

Une bonne partie du secteur est à l’arrêt. Beaucoup de tournages en cours ou qui devaient avoir lieu au printemps de cette année ont été arrêtés et repoussés. Les distributeurs ont également annoncé de nombreux reports de sorties du fait de la fermeture des cinémas. On peut noter pour les plus grosses production le nouveau James Bond Mourir peut Attendre, le nouveau remake des classiques Disney Mulan ou encore la production semble-t-il maudite de la Fox Les nouveaux mutants dont la date de sortie ne cesse d’être repoussée depuis Avril 2018. Si ici je ne cite que des grosses productions dont les entreprises survivront au report de sortie, d’autres, plus petites, risquent d’avoir à sortir les rames pour garder la tête hors de l’eau ; d’autant plus que ce confinement a donné lieu à une situation encore plus difficile.

Plusieurs stratégies ont été mises en place par les distributeurs peu avant la mise en place probable du confinement : certains films ont vu leur sortie décalée à une date ultérieure, d’autres avaient prévu une sortie uniquement sur plateforme de SVOD (Amazon Prime Video, Netflix…) et certains sont sortis le Mercredi 11 Mars et ont donc bénéficié de seulement quatre jours d’exploitation. Ces films – dont la campagne promotionnelle a déjà été effectuée par ailleurs – ne généreront aucun profit jusqu’à la réouverture des salles. La chronologie des médias rendant impossible la sortie en SVOD des œuvres ayant eu une exploitation en salles – aussi courte soit elle – avant 36 mois.

Mais qu’est-ce que c’est que la chronologie des médias me direz-vous ?

Pour faire court, c’est la règle définissant à quelles dates il est possible d’exploiter un long métrage en dehors des salles de cinéma. Le décret régissant ces règles en France date de 1983 et avait pour objectif premier de protéger les salles ce cinéma. Pour des films comme La Bonne Épouse ou bien Un fils, seuls ces quatre jours d’exploitation peuvent à l’heure actuelle permettre des rentrées d’argent car le délai de mise à disposition d’un film sur une « plateforme de vidéo à la demande par abonnement ‘’non vertueuse’’ » (soit Netflix, Amazon Prime…) est de 36 mois. Pour Memento et Jour2fête, distributeurs français des deux films cités, c’est mauvais signe pour le futur étant donné que le film sur lequel ils avaient basé de grands espoirs financiers ne rapportera vraisemblablement que très peu.

Une évolution dans la chronologie des médias ?

Certains se demandent si un événement comme celui-ci ne serait pas un élément déclencheur de modifications à ce décret que beaucoup considèrent comme obsolète. Si la base de ce décret était de permettre aux salles de cinéma de conserver un nombre d’entrées conséquent, la situation actuelle avec l’omniprésence du téléchargement illégal semble appeler à une évolution. Contrairement aux idées reçues, la fréquentation des salles de cinéma est au beau fixe en France (213,3 millions d’entrées en 2019 soit le 2ème résultat de ces 50 dernières années, plus de 200 Millions d’entrées sur ces 6 dernières années) alors que la vente au format physique est en chute libre (passage de 119,57 à 46,94 millions de DVD vendus en France). On peut facilement conjecturer que le téléchargement illégal et l’essor des plateformes de streaming en sont la cause.

Cependant, là où les distributeurs vont obtenir une rétribution financière provenant des plateformes qui vont acheter les droits de leur film, ils ne vont absolument rien toucher avec le téléchargement illégal.

Les salles de cinéma se portent bien, alors pourquoi ne pas baisser le délai d’exploitation des films par les plateformes de VOD ce qui permettrait aux distributeurs de donner plus rapidement une seconde vie à leur long métrage et diminuerait sûrement les agissements de téléchargements illégaux ?

On peut espérer que la crise actuelle sera un électrochoc pour les hautes instances du cinéma français qui depuis quelques années ne semble pas enclines à travailler avec et non contre les plateformes de streaming vidéo. À mon sens et au vu des nouvelles pratiques de consommation de vidéo, c’est un combat qu’elles ont déjà perdu et la collaboration avec ces plateformes n’est qu’une évolution logique du marché du cinéma qui ne le dénature en aucun cas.

Le cinéma, de la salle jusqu’à chez vous

Mais pour le moment, nous n’en sommes pas là ! Nous sommes toujours coincés chez nous sans pouvoir nous rendre dans nos chères salles obscures et sans pouvoir acheter de DVD (enfin si mais je préfère laisser le pauvre postier effectuer des livraisons de masques hygiéniques dans l’hôpital de mon quartier que du Blu-Ray du dernier Fast and Furious chez moi). Et si vous souhaitez regarder des films, au lieu d’utiliser le téléchargement illégal ce qui, je ne vous l’apprends pas, participe à la mort à petit feu des petits distributeurs (oui parce que bon on ne va pas se mentir télécharger illégalement Kuzco, l’empereur mégalo ce n’est pas bien mais concrètement ça ne va pas faire trop de mal à Disney), il y a plein de plateformes légales qui vous permettent d’avoir accès à un grand panel de films sans vous ruiner :

FilmoTV : 7€/mois pour avoir accès aux films en SVOD puis location au film pour les films en VOD

UniversCiné : Plateforme de VOD à 0,99€ le film

La Cinétek : 3€/mois pour 10 films qui changent chaque mois

Mubi : Plateforme de SVOD, 8€/mois avec 30 films en roulement, un nouveau film chaque jour, spécialisé dans le cinéma d’auteur

Shadowz : Plateforme de SVOD, 5€/mois ; spécialisé dans le cinéma de genre/d’horreur

Maintenant que vous savez qu’avoir accès au cinéma, sans être hors la loi, peut être aussi simple et peu cher, laissez-vous tenter ! Les films que vous découvrirez vous le rendront bien !

Par Robin Sébille

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