Quand la technologie rencontre l’art
En novembre 2022, lors de la sortie publique de la bêta test de Chat GPT-3, l’intelligence artificielle développée par l’entreprise OPEN AI, de nouvelles perspectives sont apparues. En effet, cette IA est capable de remplacer totalement les humains dans la réalisation de certaines tâches.
Il peut être intéressant de se pencher sur l’impact de ces nouvelles technologies dans le domaine de l’art, puisque le rôle de l’artiste et sa définition vont être amenés à évoluer.
Qu’est-ce qu’un véritable artiste ? Une personne peut-elle devenir artiste en s’appuyant seulement sur l’IA et sans talent artistique préalable ? Une IA peut-elle être artiste ?
L’utilisation des IA par le grand public dessine de nouveaux usages jusqu’alors insoupçonnés.
L’intelligence artificielle et l’artiste
L’IA comme nouvel outil pour le potentiel créatif des artistes
Certains artistes utilisaient déjà la technologie mais ces derniers restaient jusqu’à présent très minoritaires. L’intelligence artificielle et les nouvelles technologies sont des nouveaux outils pour les artistes. Citons par exemple l’artiste allemand Mario Klingemann qui est considéré comme le pionnier dans l’utilisation du code et des algorithmes pour générer des œuvres d’art.
L’IA, créatrice de nouveaux artistes ?
Certes, l’IA intervient comme aide aux artistes, mais peut-elle remplacer les artistes ou permettre à des individus de s’improviser artistes ?
Depuis novembre 2022, un grand nombre d’outils sont utilisables par le grand public pour quelques dizaines d’euros par mois. Ces outils ouvrent le champ des possibles pour des personnes « non-créatives ». Elles peuvent désormais, à partir d’une phrase ou d’une sélection de photos, créer des collections entières d’illustrations, de tableaux ou de portraits. Des outils comme Dall-E ou Midjourney permettent la création d’oeuvres à partir d’une demande écrite.
L’IA, une opportunité pour le marché de l’art ?
Des entreprises cherchant de nouvelles manières d’innover
Au-delà des artistes, des entreprises du monde entier tentent de trouver des usages à l’IA dans le secteur de l’art. Il s’agit d’améliorer l’utilisation de l’IA dans l’art ou tout simplement de produire d’œuvres artistiques pour les vendre.
Les entreprises les plus connues travaillant sur ces enjeux sont : Google Arts & Culture, Artrendex, et Artomatix. En France, le collectif Obvious est très connu pour avoir été le premier à vendre aux enchères, chez Christie’s, un tableau réalisé par un algorithme. L’œuvre Edmond de Belamy a été vendue à plus de 400 000€ par la maison d’enchères.
Des initiatives diverses dans le monde
- Ars Electronica est un festival autrichien qui existe depuis 1979 et qui vise à promouvoir la création numérique dans son ensemble.
- Le creative AI Lab est une base de données mondiale visant à regrouper tous les outils et ressources autour de l’intelligence artificielle.
Les limites des IA et de la créativité
Les intelligences artificielles comportent de nombreuses limites dues à leur manière de fonctionner ainsi qu’à la manière dont elles ont été développées.
- Par essence, une intelligence artificielle a besoin pour fonctionner d’une base de données et de ressources conséquentes pour travailler et itérer. Or, si initialement aucune donnée n’est à disposition de l’IA, cette dernière ne sera pas capable de générer le moindre résultat. Cette première limite démontre un manque de créativité des intelligences artificielles.
- Une intelligence artificielle est capable de générer beaucoup de résultats à une demande, mais ces derniers seront toujours inspirés d’un mouvement existant. Par exemple, si l’on demande à une IA de générer un tableau appartenant à un courant artistique comme le Baroque, l’IA nous générera de nombreux résultats inspirés d’artistes issus du mouvement Baroque. Cette deuxième limite est importante, l’IA ne propose jamais de nouvelles idées ou de propositions d’un nouveau courant artistique.
- Lorsqu’il crée son oeuvre, l’artiste cherche toujours à véhiculer un message ou une émotion que le spectateur va ressentir et décrypter. Lorsqu’une IA conçoit une œuvre, cette dernière doit répondre à la demande initiale. Cette approche binaire met en exergue le manque d’empathie et d’émotion des intelligences artificielles.
Quel avenir pour les IA dans le domaine de l’art ?
L’avenir sera sûrement plus nuancé que les discours que nous pouvons entendre. Les intelligences artificielles ne remplaceront probablement pas les artistes, car l’artiste représente le pont authentique entre l’œuvre et son public. Il permet des échanges et une transmission d’émotions que ne permet pas l’intelligence artificielle.
L’avenir sera peut-être plus hybride. Les artistes pourront s’appuyer sur les intelligences artificielles pour générer des idées ou de l’inspiration. Elles seront une sorte d’assistant virtuel à la création et éviteront aux artistes le syndrome de la page blanche.
Les scientifiques pourront également utiliser les intelligences artificielles dans leur recherche pour le traitement des images par exemple. La puissance de calcul permettra des techniques de reconnaissance d’images et peut-être d’élucider des mystères comme celui du Salvator Mundi de Léonard de Vinci.
Mathis Etournay