Avec l’approche de la Coupe d’Europe de Quidditch à Limerick en Irlande en juin 2022, à laquelle je vais avoir la chance d’assister, les cours sur le transmedia résonnent dans mon esprit.
Comment un sport dans un monde fantastique où les sorciers et sorcières existent et où les balais volent peut arriver au point où la première coupe du monde voit le jour en 2012 dans notre monde de moldus à Oxford ?
C’est là que le transmedia entre en jeu. Le transmedia est la dispersion d’un univers complexe, souvent imaginaire sur différents médias, et chaque plateforme/médium propose un contenu enrichi par rapport à l’œuvre initiale, et non une répétition ou réécriture de la même histoire.
Pour une définition moins théorique, il suffit de prendre un exemple dans l’univers de J.K. Rowling.
L’univers commence par des livres, qui racontent l’histoire du jeune Harry Potter qui reçoit une mystérieuse invitation le jour de son 11e anniversaire pour aller étudier à Poudlard, école réputée de sorcellerie. Mais ça, tout le monde la connait, cette histoire. Autour de cet univers fascinant de sorciers, l’autrice de la saga publie d’autres ouvrages cités dans ses propres livres, comme par exemple les manuels utilisés à l’école, les journaux, des livres explicatifs, mais surtout un livre intitulé Vie et habitat des Animaux Fantastiques écrit soi-disant par Norbert Dragonneau. C’est alors que sont annoncés ses débuts de scénariste pour une nouvelle saga cinématographique, nommée Les Animaux Fantastiques et qui va venir raconter l’histoire de l’auteur de ce livre utilisé par Harry Potter.
Voilà ce qu’est le transmedia. Ce n’est pas adapter un livre en film ou l’inverse. C’est le fait qu’un livre donne lieu non seulement à des adaptations dans d’autres média, mais que l’univers dans lequel les personnages évoluent soit aussi précisé et augmenté par d’autres créations sur des supports différents du format initial.
Et cela peut donc même amener à jouer à un sport qui normalement contient des balais volants et des balles magiques mais sans balais et sans magie. Mais alors que reste-t-il ? Il reste un sport qui mélange le baseball, le rugby, la balle au prisonnier et la course poursuite d’un arbitre.
Ça vous parait bizarre dit comme ça ? Laissez-moi vous expliquer.
Le Quidditch moldu, dans notre monde sans magie, est un sport qui se joue entre deux équipes adverses, toute deux composées de 6 à 7 joueurs et joueuses, car oui, le Quidditch est le seul sport de contact obligatoirement mixte. Il ne peut pas y avoir plus de 4 joueur.ses d’une équipe du même genre sur le terrain – ce qui paraît génial pour l’égalité des genres, mais peut être détourné, j’expliciterai ça plus tard. Tous.tes les joueur.ses doivent avoir un « balais » entre leurs jambes, tenu généralement à une main. Lorsque je dis balais, entendez bâton plastique d’un mètre de long, parce qu’apparemment ça fait moins mal de se le prendre qu’un coup de balais en bois. Honnêtement, vu la vitesse de certain.es joueur.ses, ça se comprend.
Maintenant, regardons un peu les balles non-magiques utilisées. Il y a d’abord le souafle, qui est un ballon de volley-ball, ensuite trois cognards, ballons de dodgeball et enfin un vif d’or qui est une balle de tennis dans une chaussette accrochée au dos d’un arbitre neutre. L’arbitre est par ailleurs habillé en jaune, car à défaut d’avoir une balle en or avec des ailes, autant habiller l’arbitre en jaune.
Chaque équipe est constituée de trois poursuiveur.ses et un.e gardien.ne qui doivent marquer avec le souafle (10 points) ou défendre les anneaux de l’équipe qui servent de buts. Il y a ensuite deux batteur.ses qui doivent toucher les adversaires avec le cognard pour défendre, parce que la meilleure défense, c’est l’attaque à coup de cognard bien sûr ! Enfin, il y a un.e attrapeur.se qui doit attraper le vif d’or pour gagner 30 points et qui rentre en jeu à environ 18 minutes.
Et tout ça se fait sur un terrain de 33 mètres sur 60 de long, ce qui est équivalent à quatre terrains de basket.
Telles sont les règles énoncées par la Fédération du Quidditch Français (et oui, ça aussi, ça existe). En France, il y a 18 équipes de Quidditch, dont 4 équipes juniors (-16 ans) et donc au total, 350 licencié.es.
Et devinez-quoi… la première équipe de Quidditch française a été créée à Nantes ! Bien sûr, ce sont les trois équipes parisiennes très compétitives qui monopolisent souvent le podium en Coupe de France. Mais tout de même Toulouse se défend en troisième place exæquo avec les Olympiens de Paris pour la coupe de France 2020.
Vous avez donc maintenant un aperçu de ce qu’est le Quidditch dans notre monde. C’est un sport complet, physique et surtout inclusif !
Bien sûr, puisque que les joueur.ses peuvent s’associer eux-mêmes à un genre, cela amène à quelques abus dans des équipes très compétitrices qui favorisent les masculins cisgenres, transgenres, binaires ou non-binaires, gagnant ainsi en force brute physique pour les plaquages. Heureusement, la Fédération est aussi là pour réguler ce type de problème. Mais ce sport est aussi inclusif socialement car en effet, il n’y a besoin de rien de plus qu’un survêtement, des baskets et une bouteille d’eau.
Est-ce que J. K. Rowling avait imaginé que le jeu qu’elle avait inventé verrait le jour et prendrait autant d’ampleur, que des coupes du monde seraient organisées et montreraient au reste du monde du sport qu’un sport de contact mixte et inclusif est possible ? Certainement pas.
Si vous ressentez la soudaine envie de voir un match ou même de jouer vous-mêmes au sport d’Harry Potter, je vous laisse aller chercher le club le plus proche de chez vous, attraper vos baskets et choisir de marquer, défendre ou courir après un arbitre !
Nolwenn Ould-Hamiche
Sources