The summer I turned 18, I was obsessed with the desire to watch an « original movie, » something unmatched by anything I had seen before, a film that would captivate me. I scoured streaming sites, refreshing the new releases page daily, when I stumbled upon Tangerine. The pitch immediately fascinated me: a transgender sex worker wandering through Los Angeles with her best friend in search of a pimp who broke her heart. I clicked play without hesitation and discovered, in awe, the cinema of Sean Baker.
Sean Baker is an American filmmaker born in New York in 1971, now enjoying international acclaim. His latest film, Anora, currently in theaters, won the Palme d’Or at the most recent Cannes Film Festival. I’d like to share what, in my view, makes Sean Baker’s cinema so magical.
Outsiders Have Stories to Tell
First and foremost, Sean Baker’s protagonists are all outsiders, whether they are immigrants in Take-Out and Prince of Broadway, sex workers in Tangerine and The Florida Project, or porn actors in Starlet and Red Rocket. His characters always live on society’s fringes, embodying everything we are unlikely to become: outcasts facing precarious conditions. They represent people who frighten us, whose lives seem to us like a living nightmare.
For example, in The Florida Project, we follow the daily life of a six-year-old girl living in a motel near Orlando with her mother, who sells perfumes to tourists in supermarket parking lots and engages in sex work. This portrayal of marginality is essential to me. Sean Baker gives a voice to marginalized individuals, ensuring they are not forgotten.
Seeking Goodness and Beauty
Moreover, Baker always strives to show that there is beauty in his characters’ lives despite everything. For instance, in Prince of Broadway, he tells the story of Lucky, a Ghanaian immigrant in New York who sells counterfeit handbags and suddenly finds himself caring for a young son he didn’t know he had. Lucky remains optimistic, uses humor, and takes care of his child despite his limited means. He dresses him like himself, and at night, they sleep together amidst the fake luxury bags, illuminated by a nightlight.
Sean Baker infuses his characters’ lives with poetry. He demonstrates that while their struggles are immense, these challenges do not define them. In Tangerine, for instance, Alexandra sings at a nearly empty bar on Christmas Eve, having paid for the opportunity to perform. Yet, she sings anyway. We inevitably feel compassion and empathy for her. The scene, filmed with an iPhone 5S, feels authentic, as though we are watching a documentary. This is the magic of Sean Baker—portraying marginalized individuals authentically and poetically.
An Invitation to Tolerance
Sean Baker’s filmmaking influences our perception of those who are different from us, individuals often unfairly burdened with society’s scorn. The acceptance of difference is the central theme of his film Starlet, which explores the unlikely friendship between a pornographic actress and an octogenarian. Through their relationship, they discover one another and recognize the humanity in each other.
Sean Baker invites us to see the goodness in people whom society conventionally expects us to disdain. He encourages tolerance and empathy, urging us to question the judgments we project onto others, for even the most despairing life can hold beauty.
Hugo Rivaldi
Le Cinéma de Sean Baker
L’été de mes 18 ans j’étais obsédé par l’envie de regarder un « film original », un film sans équivalent avec ce que j’avais déjà vu, un film qui me captive. J’écumais les sites de streaming en rafraîchissant chaque jour la page des nouveautés quand j’ai découvert « Tangerine ». Le pitch m’a immédiatement fasciné : une prostituée transgenre vagabonde dans Los Angeles accompagnée de sa meilleure amie à la recherche d’un proxénète qui lui a brisé le coeur. J’ai cliqué sur play sans hésiter et j’ai découvert émerveillé le cinéma de Sean Baker.
Sean Baker est un réalisateur américain né à New York en 1971 qui connaît aujourd’hui une consécration internationale. Son dernier film « Anora », qui est actuellement en salle a obtenu la Palme d’Or lors de la dernière édition du festival de Cannes. J’ai donc envie de vous partager ce qui rend pour moi le cinéma de Sean Baker magique.
Les marginaux aussi ont des histoires à raconter
Tout d’abord, les personnages principaux des films de Sean Baker sont tous des marginaux, que ce soient des migrants dans « Take-Out » et « Prince Of Broadway », ou des prostituées dans « Tangerine » et « The Florida Project », ou encore des acteurs pornographiques dans « Starlet » et « Red Rocket », ses personnages vivent toujours au banc de la société. Ils représentent d’une certaine façon tout ce qu’on ne va pas être, des parias aux conditions de vie précaire. Des gens qui nous effraient, qui vivent pour nous un véritable cauchemar. Par exemple dans « The Florida Project », on suit le quotidien d’une enfant de six ans vivant dans un motel à Orlando avec sa mère, qui vend des parfums à des touristes sur les parkings des supermarchés et se prostitue. Cette représentation de la marginalité est pour moi essentiel, Sean Baker permet aux individus marginalisés d’être racontés, de ne pas être oubliés.
À la recherche du bien et de la beauté
De plus, il cherche toujours à montrer qu’il existe malgré tout de la beauté dans la vie de ses personnages. Par exemple, dans « Prince Of Broadway », il met en scène Lucky un immigrant Ghanéen à New York vendant des sacs de contrefaçons et qui se voient confié la garde de son fils en bas âge dont il ignorait l’existence. Lucky garde malgré tout le moral, il a de l’humour et prend soin de son fils même s’il n’en a pas les moyens. Il l’habille comme lui et le soir s’endort avec lui au milieu des faux sacs de luxe éclairés à la veilleuse. Sean Baker introduit de la poésie dans la vie de ses personnages. Il montre que même si leurs problèmes sont immenses, ils ne les définissent pas. Dans « Tangerine » par exemple, Alexandra chante le soir de Noël dans un bar vide, elle a même été obligé de payer pour performer, mais elle chante quand même. On éprouve forcément de la compassion et de l’empathie pour elle. La scène est filmée à l’iPhone 5S et les personnages ainsi que les décors sont authentiques, on a l’impression de regarder un documentaire. C’est là la magie de Sean Baker, représenter de manière authentique et poétique les marginaux.
Une invitation à la tolérance
La mise en scène de Sean Baker influence notre imaginaire et la manière de voir ceux qui sont différents de nous et qu’on accable souvent de tous les vices. L’acceptation de la différence est d’ailleurs tout le sujet de son film « Starlet », sur la relation amicale entre une actrice pornographique et une octogénaire. En se côtoyant, elles apprennent à se découvrir et à voir l’humanité en chacune d’entre elles. Sean Baker nous invite à découvrir la bonté de personnes qu’il est normalement socialement convenu de mépriser. Il nous pousse à faire preuve de tolérance et d’empathie, à faire attention à ce que l’on projette sur les autres, car même la vie la plus désespérée peut être belle !
Hugo Rivaldi