Pendant une semaine, nous étions huit élèves de notre classe à partir découvrir la ville de Bilbao. Le but de ce séminaire était de revenir sur le passé de la ville afin de bien comprendre leur politique culturelle.
Pour commencer, il faut resituer Bilbao sur une carte. Cette ville qui se trouve au nord de l’Espagne, est la capitale du pays basque dans la province de Bizkaia. Elle est entourée de montagnes et est située à 15 kilomètres de l’estuaire de l’océan.
Bilbao est connue pour son passé industriel. En effet, elle a bâti sa richesse dans les années 60 avec son port et les industries de sidérurgie. En opposition à Saint Sebastian, ville côtière dans le pays Basque, Bilbao n’avait aucune intention de devenir une ville touristique et culturelle. Cependant, la crise des années 80 a plongé la ville dans une période très difficile avec un taux de chômage de 34%. De plus, les inondations de 1983 ont été un coup de massue supplémentaire pour la ville.
Résultat : le port du centre-ville a été déplacé à l’embouchure de La Ria (à 15 kms de Bilbao) et les bâtiments industriels ont commencé à être détruits.
La mairie de Bilbao, ainsi que ses habitants, se sont retrouvés face à un dilemme : comment se relever et sortir la ville du chômage ?
À ce moment-là, le choix des élus a été très audacieux et risqué. Ils ont décidé de transformer la ville industrielle en une ville de service. Pour commencer, ils ont commencé par nettoyer la Ria, qui était très sale, et ils ont créé un métro et un aéroport, rénové le tramway et installé un système de vélo dans la ville. Par la suite, ils ont repensé les espaces en misant sur des centres culturels et artistiques. Un pari très risqué qui a été très critiqué par les habitants même de Bilbao, qui souhaitaient en priorité retrouver leur ancien emploi dans des usines et des industries.
Ainsi, à partir des années 90, la ville s’est transformée pour devenir celle que nous avons visité pendant notre séjour. Cette transformation est un exemple pour les villes post-industrielles tel que Belfast ou même Nantes.
Comme le port était situé au centre-ville au bord de la Ria et que les industries se trouvaient à côté ou bien sur l’île de Zorrotzaurre, la majorité des projets culturels sont venus s’installer à cet endroit.
Ainsi, nous vous invitons à prendre place à bord du Bilboat à la découverte des nouvelles infrastructures culturelles le long de la Rìa :
1ère stop primordial :
Le musée Guggenheim d’art contemporain, réalisé par l’architecte Américain Franck Gehry. La ville de Bilbao a invité la fondation Guggenheim à venir visiter la ville pour prendre conscience de son histoire et de son potentiel. Après quatre années de travaux, le musée voit le jour en 1997 bien que les habitants s’opposent au projet.
Le musée a un effet immédiat : dès la première année, un million et demi de visiteurs viennent le découvrir, soit le double de leurs prédictions. Ainsi, la ville de Bilbao rentabilise son investissement en trois ans ! De plus, le musée devient un emblème pour la ville car son architecture en fait un bâtiment remarquable et une étape incontournable.
2ème stop :
Nous voyons de l’autre côté du pont l’université de Deusto situé dans le quartier du même nom. Cette université créée par des frères jésuites abrite les départements des lettres, des sciences humaines et même des loisirs (celui qui nous a accueilli). En termes d’architecture, le bâtiment, très imposant, est composé de deux cloîtres, un grand auditorium, des chapelles et des salles de cours de qualité. Juste à côté se trouve l’université commerciale, digne d’une école américaine. En effet, on arrive par une grande entrée qui donne directement sur deux escaliers en marbre et on arrive directement sur une grande bibliothèque avec ses canapés en cuir très réputés.
3ème stop:
Un peu plus loin, on aperçoit le musée de la mer : le Itsas museum. On y trouve une exposition sur l’histoire de Bilbao et de son port. De plus, ils exercent également une activité de rénovation des anciens bateaux. On a découvert un grand atelier qui utilise les mêmes outils et méthodes de travail qu’avant et qui a comme objectif de faire une réplique authentique des bâteaux de l’époque.
Un peu plus loin se trouve le palais des Congrès et de la Musique Euskalduna. Pour rester dans le thème, on tombe sur un des plus grands auditoriums d’Europe sous la forme … d’un bateau ! En effet, haut de trois étages, on y retrouve la coque et la forme d’un paquebot. À l’intérieur, la scène profonde est accompagnée d’orgue sur les côtés et plus de 2164 places assises. Au total, le lieu compte 18 salles de taille différente pouvant accueillir de nombreux événements, aussi farfelus que possible.
4ème stop :
On arrive au dernier arrêt de la visite : l’île de Zorrotzaurre. Elle est aujourd’hui en partie abandonnée car elle abritait tous les bâtiments industriels avant la crise. Afin de réinvestir l’espace et d’y amener de la vie, des collectifs et associations culturelles se sont installées dans les friches industrielles. On y trouve l’association Zawp qui propose des espaces de coworking artistique et des résidences artistiques. Ils détiennent également une salle de spectacle et propose un marché artisanal tous les dimanches qui attirent en moyenne 500 personnes. Juste à côté se trouve Espacio Open, un collectif de créatif qui abrite un FabLab, des artistes et artisans, un restaurant et une friperie. Ils ont un objectif commun qui est d’éviter la gentrification du quartier et de montrer au pouvoir public que des individus et collectifs ont envie de s’investir sur l’île.
Évidemment, ce n’est pas tout ! On trouve encore en ville pleins d’acteurs et de lieux qui ont participé à faire rayonner la culture et l’art. Alors prenez vos billets pour Bilbao, vous ne serez pas déçu !
Danaé Courtès