La semaine dernière, la majeure culture d’Audencia est partie à la rencontre de différents acteurs culturels de Bilbao lors d’un séminaire organisé par l’Université de Deusto.
Les visites auprès des institutions et les échanges que nous avons eu nous ont permis de mieux comprendre comment Bilbao a réussi sa tertiarisation, passant d’une économie industrielle au secteur des services. Comment s’est orchestrée la rénovation urbaine de Bilbao passant d’une ville industrie à une ville musée avec un centre économique fort ?
Pour commencer il faut rappeler qu’avant le début de la révolution industrielle, Bilbao a su profiter d’une position géographique avantageuse pour devenir une plateforme centrale d’industrie et de commerce. La ville s’est développée autour d’activités industrielles et plus particulièrement autour de la construction navale. Cependant, Bilbao n’était pas préparé à faire face aux défis que devait apporter la fin du XXème siècle. La crise industrielle combinée à un contexte politique difficile entraine son déclin. Les inondations de 1983 accroissent les difficultés économiques dans un contexte de crise déjà présent alors que la démocratie à Bilbao est en pleine construction. Bilbao doit se transformer et développer l’ère post-industrielle de sa ville pour en faire une métropole.
Si l’emblème de la régénérescence de Bilbao est l’ouverture du Musée Guggenheim en 1997, le succès de la transformation de la ville ne peut être uniquement attribué à un « Guggenheim effect ». En effet un ensemble de facteurs ont permis le développement de Bilbao vers une société de service.
Tout d’abord la volonté politique de transformer la ville a entrainé le déplacement du port et son développement en dehors de la ville créant un appel d’air pour le centre-ville. Le centre-ville a particulièrement bénéficié de cette évolution qui a permis de réduire la pollution des activités industrielles sur la rivière mais également de donner un accès aux habitants à des nouveaux terrains plus attractifs.
Les espaces libérés ont bénéficié d’un accompagnement de différents organes institutionnels pour permettre leur processus d’urbanisation avec par exemple lacréation de nouveaux espaces verts protégés autour de la rivièreet des pontspour joindre les deux rives de la ville. Cette nouvelle organisation urbaine a permis d’améliorer la qualité de vie des habitants et d’accueillir des visiteurs.
Ces travaux d’urbanisation ont poussé la ville à développer ses différents axes de transport. Le premier métro de Bilbao a été ouvert en 1995, s’en est suivi la construction d’un nouveau terminal au sein de l’aéroport de Bilbao en 2000. En 2009 Bilbao continue sa transition pour une ville plus verte et se dote de vélos en libre-service.
Ces différentes transformations urbanistiques ont entrainé un processus de dynamisation et de développement de l’activité économique au sein de la ville. Toutes les activités industrielles ayant été repoussées en périphérie, Bilbao va se doter d’un centre culturel et économique avec la création du plus grand palais des Congrès Basque sur les terrains des anciens chantiers navals, l’Euskalduna de Bilbao. Ce Palais des Congrès et de la musique a été inauguré en 1999.
La création du Parc technologique Biscaye montre la détermination de la région à créer des synergies entre les entreprises pour développer l’activité économique.
Le moteur de ces transformations a donc été rendu possible par la crise économique et sociétale qui a touché Bilbao. En effet depuis les années 80 l’image de Bilbao était celle d’une ville industrielle en crise, qui se matérialisait par la fermeture continue d’entreprises et de commerces. Les transformations économiques ont été permises grâce à l’ensemble des actions menés tant pas la sphèrepublique et par la sphère privée.
La sphère publique était en capacité de financer sa transformation grâce aux spécificités du système fiscale du Pays Basque lui permettant de réinjecter l’argent de ses impôts directement dans ses travaux.
La coordination de ces actions aété permises grâce à la création de Bilbao Metropoli 30,une association créée pour accompagner la transformation de Bilbao d’une ville industrielle à une ville moderne de services et de culture en favorisant le dialogue entre les sphères privés et publiques. Onlui doit notamment l’origine d’un projet d’un centre d’art contemporainqui se concrétisera par la construction du Guggenheim en1991.
Bien que ces diverses étapes aient pu permettre à Bilbao de se développer et se transformer, la capitale de la Biscaye doit répondre aux défis de demain. L’espace qu’il reste à construire à Zorrotaure est un enjeu majeur. La ville doit attirer les jeunes talents pour faire face à son déficit démographique et ce nouvel espace est une opportunité. Cependant, les mêmes méthodes qui ont fonctionnées au début de la transformation, ne sont pas forcément la recette magique pour une transformation réussie. Les institutions culturelles comme Haceria-Zawp et Open-Space qui jusqu’à présent n’ont pas bénéficié du même soutien que les grandes institutions culturelles de la ville doivent pouvoir trouver leur place au sein de ces nouveaux projets. Il ne s’agit plus aujourd’hui de faire table rase du passé pour créer de la vitalité mais de capitaliser sur ce qui existe pour créer un environnement dynamique et attractif.