Deux adolescents vivant un amour caché. Elle solitaire, lui populaire. Une histoire d’amour qui s’étale dans le temps, du lycée à la fac, avec ses hauts et ses bas, ses difficultés et ses écarts. Sur le papier, cette série n’est qu’une histoire d’amour parmi tant d’autres.
Pour autant, Normal People a quelque chose de spécial qui place la série en haut des critiques et au cœur des discussions.
Un succès unanime
Le roman, publié en 2018 par Sally Rooney, a déjà secoué la critique et a décroché deux prix prestigieux : le Costa Book Award du meilleur roman et le British Book Award de Livre de l’année. Le Guardian lui a offert quant à lui la 25e place de son classement des meilleurs livres du XXIe siècle. À sa sortie aux États-Unis l’année suivante, il est entré à la troisième place de la liste des meilleures ventes du New York Times. D’après le Evening Standard, Normal People a été le roman le plus commandé sur Amazon par les Londoniens durant le premier confinement – autre témoin du succès de la série.
Le New York Times a en effet qualifié la série de « magnifique et mélancolique » qui « déchirera les téléspectateurs », une « histoire de passage à l’âge adulte triste, sexy, consciente des inégalités sociales et des mécaniques de pouvoir ». Le Guardian souligne le « triomphe du petit écran » qui « décrit parfaitement la beauté et la brutalité du premier amour ».
Une histoire d’amour (pas) comme les autres
Normal People présente les amours irrégulières de Marianne et Connell, du lycée à l’université.
Ils sont tous deux élèves dans la même classe, seul point commun qui les unit. D’un côté, Connell est le garçon populaire et sportif. De l’autre, Marianne est solitaire et fuit les autres. La mère de Connell travaille pour la famille de Marianne en tant que femme de ménage, créant ainsi le point de rencontre entre les deux adolescents. De là découle une relation amoureuse secrète, demandé par Connell par peur du regard des autres.
Ensemble, ils découvrent l’amour, la sexualité, le don de soi. Cependant, cette première page de leur histoire se termine assez vite et nous laisse une frustration et un sentiment d’amertume face au comportement de Connell.
Leur histoire recommence à nouveau lorsque les deux étudiants se retrouvent à la fac. Les deux rôles sont maintenant inversés : Marianne est au cœur de la vie étudiante alors que Connell a le sentiment de ne pas être à sa place, tandis qu’entre eux le désir et l’attirance restent inchangés et réapparaissent aussitôt.
On le comprend bien vite, leur histoire d’amour sera irrégulière, alternant des élans de passion et de déchirantes ruptures, des moments de complicité et de confiance avec des trahisons. Un désir d’amour apparemment simple, qui se heurte pour autant à une multitude d’obstacles bien trop habituels : le regard des autres, le regard sur soi, la difficulté de communiquer avec autrui, la pression sociale, les traumas familiaux…
Le point Pop résume parfaitement l’enjeu de cette série : « des gens normaux avec des problèmes douloureusement normaux eux aussi, mais dont l’alchimie à l’écran s’avère inoubliable. »
La place du regard et du désir
Le regard est au cœur de la réalisation de la série Normal People.
Leur histoire d’amour vit les travers du poids que sont la pression sociale et le regard des autres. Les silences laissent planer les parfaites subtilités de chaque instant et d’une vie adolescente guidée par la hiérarchie et les comportements sociaux.
Ce regard, porté par la caméra – et donc par le spectateur – mais aussi par les deux amants est la clé de voûte de leur désir brûlant et palpable. Le jeu de caméra est délicat et la série est -re-connue pour ses scènes de sexe parfaitement réalisées grâce au travail de Ita O’Brien, coordinatrice d’intimité aussi présente sur le tournage de la série Netflix Sex Education.
C’est par cette délicatesse et par cette simplicité que Normal People sort du lot et fait exception dans les histoires d’amour banales.
Un homme sensible
Le naturel de la série s’illustre aussi par la figure masculine de la série, Connell. Un héros sensible, angoissé, passif, qui subit les contraintes de la société et la pression sociale qui en résulte. Face à celles-ci, Connell ne s’en sort pas toujours très bien ; mais il évolue tout au long de l’histoire.
Connell se définit davantage par ses émotions que par sa raison, il contrebalance ainsi la figure virile du héros amoureux. « S’il est un héros aimable, il n’est pas le représentant d’une masculinité idéalisée : il se trompe souvent et s’excuse tout autant. » résume le magazine Causette.
Un renversement de la parfaite relation d’amour ?
Normal People peut être définie par certains comme un roman ou une série de génération.
Marianne et Connell sont adolescents puis étudiants, on les suit donc à un âge charnière. Vivant leur amour caché, ils s’endorment le soir en appel Skype tous les deux et se réveillent le matin sans se lâcher.
Pour autant, malgré ces quelques aspects technologiques, les soucis rencontrés et les conflits internes qui les déchirent s’ancrent dans une universalité bien plus grande.
C’est par l’acceptation de ces désirs, des pressions sociales, des travers d’une relation abusive, par tous ces sujets de la vie d’adulte que Normal People aborde des sujets dans lesquels on se retrouve forcément. Cette série a à apprendre à chacun d’entre nous, que ce soit sur notre propre personne ou sur nos proches.
Ressortie le 14 février sur France TV les épisodes sont à (re) découvrir et à savourer gratuitement!
Lucie Philippe
Sources:
https://fr.news.yahoo.com/normal-people-s%C3%A9rie-%C3%A0-laquelle-170004797.html