Why won’t I go watch A Complete Unknown  

(French Version Below)

In recent years, biopics have become the undisputed star of the big screen. Every month, a new film promises to «reveal» the fascinating story of an icon (singer, sportsman, scientist or political figure). And yet, you always end up with a feeling of déjà vu.  

The biopic is always the same formula, worn down to the rope and that we unroll lazily according to the same pattern: 

  • Difficult childhood or traumatic event experienced by the future star (directly told or through the presence of countless flashbacks) 
  • The rise of the protagonist, despite a difficult and fraught with pitfalls (often embodied by an antagonist character, who is part of mainstream currents and who tries to discourage the rising star, like Hank Snow with Elvis)  
  • And finally, the triumph (often accompanied by a « mythical » performance or major event.) 

Add to that a nice soundtrack (which takes the artist’s greatest commercial successes -in the case of the musical biopic), an actor in vogue and made up so that he looks like the person he embodies, and there you have your “winning biopic”. 

Take the example of Bryan Singer’s Bohemian Rhapsody. When it was released in 2018, this biopic by Freddie Mercury hit the box office. Admittedly, Rami Malek brilliantly embodies the iconic singer of Queen (he also won the Oscar for best actor in 2019), but if we scratch a little the Hollywood polish, we find a sweetened scenario that borders on caricature. We erase the rough edges and deliver a « mainstream » version. As a result, Bohemian Rhapsodie is a «nice» film, but above all calibrated to please the greatest number and without real depth. In 2023, the biopic is consecrated, Christopher Nolan offers him the Oscar for best film (among others). So, certainly Oppenheimer is masterfully realized, but he persists in showing, between some great moments of dramatic dialogue, interspersed with pseudo-intimist scenes how the protagonist is a complex and tortured genius. Boring. 

Beyond the predictable aspect, what is really annoying is the absurd number of biopics that are being made. We’re on the verge of an overdose. Since 2022, about fifteen of these films have been released each year and continue to capitalize on popular figures to attract an audience already conquered: Blonde, Elvis, Simone, le voyage du siècle, Iron Claw, Priscilla, One Love, Back to black, Monsieur Aznavour and I spare you everything else… 

And finally, what did we learn about these characters from these films? Not much. Because the biopic is not a real way to explore a life or an era, but rather a formatted product designed to be as smooth and accessible as possible. No need to be creative or original. Why bother to invent new stories when you can just recycle the life of a celebrity? Why build ambitious scenarios when you can bet on nostalgia and public recognition? And the irony is that these films sell as deep and intense works. 

Well, I’m not going to say that all the biopics are lame and superficial. Some films manage to stand out, like Steve Jobs (Boyle, 2015), who in my opinion avoids the linear narrative trap and offers a more daring reflection on his character’s complex personality. But these examples are too rare. 

In the meantime, we will continue to be drowned by these interchangeable films that sell us lives larger than nature, while emptying their subject of its complexity. Because what Hollywood seems to have forgotten is that telling a story is not just about aligning and romancing facts. 

P.S. : I recommend the documentary Il était une fois Michel Legrand, a thousand times more effective to understand without artifice, without wobbly actor-sosie, without reconstitution, nor storyboard trick, who was this genius of music. The real added value of this documentary, in addition to the very relevant testimonies, the multitude of very qualitative images and archive videos, is that the director, David Hertzog-Dessites was able to follow Michel Legrand until the end of his life and during his very last concert in December 2018 (a month before his death). He managed to capture the last gestures of a conductor, real farewells to his audience but also to life. An intense, pure and beautiful emotion that personally, no biopic has ever managed to make me feel. 

Léa Balson 


Pourquoi je n’irai pas Un parfait inconnu 

Depuis quelques années, le biopic est devenu la star incontestée du grand écran. Chaque mois, un nouveau film promet de nous « révéler » l’histoire fascinante d’une icône (chanteuse, sportif, scientifique ou encore personnage politique). Et pourtant, on finit toujours avec un sentiment de déjà-vu.  

Le biopic, c’est toujours une même formule, usée jusqu’à la corde et qu’on déroule paresseusement selon le même schéma : 

  • L’enfance difficile ou un événement traumatique vécu par la future star (directement raconté ou par la présence d’innombrables flash-backs) 
  • La montée en puissance du protagoniste, malgré un parcours difficile et semé d’embûches (souvent incarné par un personnage antagoniste, qui fait partie des courants mainstream et qui essaie de décourager l’étoile montante, genre Hank Snow avec Elvis)  
  • Et finalement, le triomphe (souvent accompagné d’une performance « mythique » ou d’un événement majeur.) 

Ajoutez à cela une BO sympa (qui reprend les plus grands succès commerciaux de l’artiste -dans le cas du biopic musical), un acteur en vogue et maquillé pour qu’il ressemble à s’y méprendre à la personne qu’il incarne, et hop, vous avez votre biopic « à récompenses ». 

Prenons l’exemple de Bohemian Rhapsody de Bryan Singer. A sa sortie en 2018, ce biopic de Freddie Mercury a cartonné au box-office. Certes, Rami Malek incarne avec brio le chanteur iconique de Queen (il a d’ailleurs remporté l’Oscar du meilleur acteur en 2019), mais si on gratte un peu le vernis hollywoodien, on trouve un scénario édulcoré qui frôle la caricature. On gomme les aspérités et on livre une version « grand public ». Résultat, Bohemian Rhapsodie est un film « sympa », mais surtout calibré pour plaire au plus grand nombre et sans réelle profondeur. En 2023, le biopic est consacré, Christopher Nolan lui offre l’Oscar du meilleur film (entre autres). Alors, certes Oppenheimer est magistralement réalisé, mais il persiste à montrer, entre quelques grands moments de dialogue dramatiques, entrecoupés de scènes pseudo-intimistes à quel point le protagoniste est un génie complexe et torturé. Boring. 

Au-delà de l’aspect prévisible, ce qui insupporte, c’est surtout la quantité absurde de biopics qui voient le jour. On frôle l’overdose. Depuis 2022, une quinzaine de ces films sortent chaque année et continuent de capitaliser sur des figures populaires pour attirer un public conquis d’avance : Blonde, Elvis, Simone,Le voyage du siècle, Iron Claw, Priscilla, One Love, Back to black, Monsieur Aznavour et je vous épargne tout le reste… 

Et finalement, qu’avons-nous appris sur ces personnages grâce à ces films ? Pas grand-chose. Parce que le biopic n’est pas un véritable moyen d’explorer une vie ou une époque, mais plutôt un produit formaté, conçu pour être aussi lisse et accessible que possible. 

Plus besoin alors de vouloir être créatif ou original. Pourquoi s’embêter à inventer des histoires nouvelles quand on peut simplement recycler la vie d’une célébrité ? Pourquoi construire des scénarios ambitieux quand on peut miser sur la nostalgie et sur la reconnaissance du public ? Et l’ironie, c’est que ces films se vendent comme des œuvres profondes et intenses.  

Bon tout de même, je ne vais pas dire que tous les biopics sont nuls et superficiels. Quelques films parviennent à sortir du lot, comme Steve Jobs (Boyle, 2015), qui selon moi évite le piège du récit linéaire pour proposer une réflexion plus audacieuse sur la personnalité complexe de son personnage. Mais ces exemples sont trop rares. 

En attendant, on continuera d’être noyés sous ces films interchangeables qui nous vendent des vies plus grandes que nature, tout en vidant leur sujet de sa complexité. Parce qu’au fond, ce qu’Hollywood semble avoir oublié, c’est que raconter une vie, ce n’est pas simplement aligner et romancer des faits. 

Ps : je vous recommande le docu Il était une fois Michel Legrand, mille fois plus efficace pour comprendre sans artifice, sans acteur-sosie bancal, sans reconstitution, ni astuce scénaristique, qui était ce génie de la musique. La réelle plus-value de ce documentaire, outre les témoignages de grande qualité, la multitude de très jolies images et vidéos d’archives, c’est que le réalisateur, David Hertzog-Dessites a pu suivre Michel Legrand jusqu’à la fin de sa vie et durant son tout dernier concert en décembre 2018 (un mois avant sa mort). Il est parvenu à capturer avec justesse les derniers gestes de chef d’orchestre, de véritables adieux faits à son public mais aussi à la vie. Une émotion intense, pure et très belle que personnellement, aucun biopic n’a jamais réussi à me faire ressentir. 

Léa Balson