D’ici à 2025, 75 % des entreprises au monde s’engageront à mettre en œuvre une transformation digitale. On estime que seul 30 % d’entre elles réussiront et que les autres échoueront par manque de capacités organisationnelles ou de connaissances humaines et numériques.
Les organisations culturelles sont de plus en plus impliquées dans le secteur privé car leurs subventions diminuent et qu’elles doivent rechercher des options de financement auprès de mécènes, de banques, d’entreprises privées ou d’autres organisations. Bien que la structure de financement change, le secteur culturel se distingue :
- La pratique culturelle n’est plus réservée à une certaine catégorie de la société et se démocratise ;
- Ce sont les organisations sociales qui répondent aux problèmes de mobilité, d’interactivité, d’accessibilité, d’ouverture… ;
- Leur offre croît de manière exponentielle.
La transformation digitale est plus présente dans le secteur culturel : de quelle manière ? comment cela est-il facilité ?
Qu’est-ce que la transformation digitale ?
La transformation digitale est l’application du Big Data, du Cloud Computing, de l’intelligence artificielle, de la mobilité, des réseaux sociaux, des objets connectés. Il existe tout un ensemble de stratégies au sein d’une organisation, qui apportent une valeur ajoutée et permettent de saisir des opportunités.
Nous allons nous intéresser aux piliers fondamentaux permettant une transformation digitale réussie :
1. Détermination de la technologie
La technologie est un facteur clef, mais sa mise en œuvre n’implique pas seulement une transformation digitale. Il faut considérer la composante humaine car c’est ce qui apporte de la valeur ajoutée – c’est-à dire qu’il faut prêter attention à la gestion et la créativité de la mise en œuvre de ce facteur. En somme, ce n’est pas la technologie qui apporte de la valeur à l’utilisateur, mais l’utilisateur.
2. Alignement stratégique
Cette transformation doit correspondre à une vision de l’avenir et une stratégie de mise en œuvre, ainsi qu’une définition des acteurs et de la culture que cette transformation apporte. Nous parlons ici d’une gouvernance, d’une gestion ainsi que d’un portefeuille technologique.
3. Vision et maturation organisationnelle
Cet alignement stratégique et la mise en œuvre de la technologie sont facilités par l’ouverture organisationnelle – c’est-à-dire par des organisations qui se développent de manière transversale, en réduisant les relations hiérarchiques et en favorisant le travail ensemble. La transversalité apporte de la transparence à toute organisation et c’est un concept qui permet également la transformation digitale. Elle doit donc être mise en œuvre en tant qu’écosystème.
4. Le capital humain
La transformation digitale doit être dirigée et développée par une composante pertinente et irremplaçable : l’humain. La gestion de la transformation digitale ainsi que son développement et sa mise en œuvre dépendent clairement du capital humain, donc de ceux qui effectuent le travail au sein d’une organisation. C’est pourquoi de nouveaux emplois ont été envisagés dans ce domaine (architecte de données, directeur numérique, data scientist, etc.) La transformation a donc développé un champ d’expansion en termes d’emplois et de gestion.
Penser que cela se fera sans humain est absurde, car la technologie est née du talent humain.
5. Qualité des données
Les bases de données sont au cœur du modèle économique. Nous sommes à une époque où les fake news sont des sujets d’actualité. Les données permettent donc de savoir comment réagir à de fausses informations. Il existe un concept appelé « Thedata driven organisation”. Les données sont le moteur de l’organisation, donc la qualité de ces dernières ainsi que leur gestion doivent être intégrées dans la stratégie de transformation digitale.
6. Intégration et exploitation des systèmes
Les systèmes de données transactionnelles (SAP, Oracle, Microsoft…), les données décisionnelles (Einstein ; Watson, Hyperion…), les technologies cognitives fonctionnant avec des algorithmes de machine learning, deep learning et des logiciels en tant que services (SaaS, Paas, laas) doivent tous être nourris comme un écosystème sous la forme d’ensembles de données partagées.
La révolution culturelle !
La mise en œuvre de la transformation digitale est un changement culturel (au sens organisationnel), mais c’est aussi une stratégie qui est de plus en plus appliquée dans le secteur culturel. Il existe donc des institutions culturelles qui, par exemple, développent des laboratoires destinés à la création, à l’innovation et à la construction de modèles d’information participatifs, dont le pilier est l’échange d’informations générées par les big data, les open data… Ces initiatives constituent ainsi une révolution culturelle.
Un exemple clair est fourni par le laboratoire d’art et de technologie STEREOLUX, un espace dédié à l’expérimentation dans l’union des arts numériques, de la recherche et de l’industrie. Dans l’une de ses créations, elle a créé ROB’Autisme, un robot qui facilite la communication entre jeunes autistes. Ce projet naît dans un écosystème d’acteurs dans lequel l’organisation culturelle collabore avec l’Université de la ville de Nantes et l’Ecole Centrale de Nantes. C’est ainsi que la transformation digitale dans la culture, dans les arts, peut s’intégrer dans la société. Aujourd’hui, STEREOLUX continue d’élargir ses thèmes à cet égard.
On peut observer que la transformation digitale provoque une révolution culturelle, en permettant :
- Le développement de l’intelligence collective par l’application de pratiques collaboratives, d’approches participatives avec le public mais aussi avec des institutions ;
- Le développement d’une approche innovante, encourageant la créativité, l’émulation et l’ouverture.
Il est nécessaires de penser les nouveaux services numériques comme un ensemble cohérent, car les acteurs de la culture sont déjà en avance dans l’adoption de modèles de transversalité dans leurs formes de gestion et sont déjà plus engagés dans les problèmes de société. Les données, l’intelligence artificielle, les algorithmes, les bases de données se déplacent vers le secteur culturel, où ils sont de plus en plus présents. Une excellente occasion et un prétexte pour innover, donc.
La transformation digitale est une révolution culturelle ! Elle exige une vision, un engagement et un développement. Elle est née du talent humain. Penser que cela peut se faire sans l’être humain est absurde car la créativité n’est pas remplaçable.
Par Gisella Nuñez Salgado
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