Cela fait 3 ans qu’Emmanuel Jacomet est producteur exécutif chez ON animation, une position considérable au sein d’un studio d’animation d’envergure internationale. Ancien élève d’Audencia, il a été diplômé de la majeure « management des institutions culturelles et industries multimédia » en 2012.
À seulement 31 ans, sa progression professionnelle et son parcours impressionnent. Ce qui frappe immédiatement chez Emmanuel, ce sont son énergie et sa détermination. Sa passion pour le cinéma est évidente.
Après avoir assisté à son cours sur l’analyse de la structure narrative cinématographique, on ne peut s’empêcher de se demander, n’existe-t-il pas une forme de frustration à se situer toujours du côté de l’accompagnement, de l’encadrement de projet plutôt qu’au cœur du processus créatif ? La question se pose, particulièrement pour les élèves et alumni des filières spécialisées dans le management des industries de la culture, du multimédia et plus globalement de la création. À toujours frôler les frontières de l’implication artistique, comment trouver sa place ?
La réponse d’Emmanuel à cette question est, là encore, déterminée : « C’est indispensable de choisir son camp : être un ‘talent’ ou être dans l’accompagnement de projet, j’ai choisi le mien ». Ce choix, il l’a peut-être fait bien des années plus tôt, quand plus jeune, il est lui-même très investi artistiquement. Membre d’une troupe de théâtre, il aime monter sur scène. Mais là, il se rend comptequ’il aime tout autant être dans les coulisses, à la préparation de la pièce, des décors, embrasser tout le processus de création en fin de compte.
Mais choisir son camp, c’est aussi connaître sa légitimité à franchir les lignes, et utiliser ses compétences au bon moment.
« Je crois profondément à la dimension créatrice du rôle de producteur », dit Emmanuel.
Contrôler les budgets, les plannings, ce n’est pas tout, le jeune producteur est convaincu que l’aide à la création fait partie du métier. Où, comment, vous demandez-vous ?
C’est selon lui, tout l’intérêt, d’être un peu distant du processus d’invention : pouvoir conserver un recul et une clarté d’esprit indispensable au développement d’un beau projet. Contrairement aux auteurs qui peuvent parfois perdre leur lucidité car trop impliqués et immergés dans l’œuvre, c’est le rôle du producteur de porter un regard neuf sur l’avancée du travail, de prendre la place du spectateur. L’accompagnement sur le storytelling représenterait même 1/3 de son temps, selon Emmanuel.
Pour ce faire, il y a un travail de « verbalisation » à ne pas négliger. Du tact et de la diplomatie sont nécessaires afin de se faire entendre de manière constructive par les talents.
« Il ne faut jamais donner 4 mais toujours 2+2 », c’est-à-dire satisfaire le désir inconscient du spectateur de deviner la solution ; cette astuce d’Emmanuel à propos du storytelling s’applique sans doute ici encore.
Finalement, entre Socrate et Emmanuel Jacomet, il n’y a qu’un pas. Le jeune producteur s’inspire de la maïeutique et compare son métier à celui d’un « accoucheur de talents ».
« Ma responsabilité en tant que porteur de projet, c’est d’emmener les gens, de les accompagner. » C’est la mission qu’Emmanuel s’est donnée et qu’il ne perd pas de vue malgré les quelques ingratitudes du métier. Une belle leçon d’humilité qui démontre par la même occasion la force de la détermination.
Un dernier conseil d’Emmanuel : « Assumez votre rôle de manager, pensez à votre audience, et n’oubliez pas le pouvoir des émotions. »