Le choix de l’autoédition par les auteurs de bestsellers

Le monde du livre peut parfois paraître injuste pour les auteurs, alors même qu’ils sont les acteurs clés de ce secteur…

L’autoédition, une solution à la rémunération insuffisante des auteurs ?

En effet, le taux de rémunération d’auteurs publiés en maison d’édition ne s’élève en général pas au-delà de 15% du prix public du livre, pour les plus chanceux.  La société des gens de lettres, qui défend les droits et intérêts des auteurs, publie régulièrement un « baromètre des relations auteurs/éditeurs ». Dans le dernier en date, paru en 2021, on apprend que pour 65 % d’entre eux, la rémunération issue de leur activité d’auteur représente moins de 25 % de leurs revenus annuels.

Dans ce contexte, l’autoédition semble être une solution au problème. Cela consiste à éditer et publier son propre livre sans passer par une maison d’édition. De l’écriture au choix de la couverture et à la manière de communiquer sur sa sortie, tout reste entre les mains de l’auteur. Investissement parfois très onéreux, il lui permet cependant une pleine liberté dans ses choix éditoriaux ainsi qu’une rémunération plus avantageuse qu’au sein d’une maison d’édition. Alléchant, non ?

Joël Dicker et Riad Sattouf : les auteurs stars qui ont sauté le pas

Cette faible rémunération des auteurs est la raison pour laquelle nombre d’entre eux fondent leur propre maison d’édition pour publier leurs livres ou bandes dessinées à succès. C’est le cas par exemple de l’auteur suisse Joël Dicker ou encore du bédéiste lauréat du grand prix 2023 du Festival de la BD d’Angoulême, Riad Sattouf.

Joël Dicker est le deuxième auteur ayant vendu le plus de livres en France en 2022, après Guillaume Musso. Depuis 2012, et la sortie de son célèbre roman La vérité sur l’affaire Harry Quebert, chacun de ses livres cumule plusieurs milliers d’exemplaires vendus. A la mort de son éditeur aux Editions de Fallois, Joël Dicker prend la décision de se tourner vers l’autoédition et de fonder sa propre maison d’édition, Rosie & Wolfe. Dans la page « A propos » de son site, il rappelle qu’il a pris cette décision car il ne se voyait pas trahir l’éditeur qui l’avait fait naître : « Il ne pouvait y avoir personne après Bernard [de Fallois]».

Riad Sattouf, auteur de la série L’arabe du futur ou encore des Carnets d’Esther, s’est aussi affranchi de sa maison d’édition première, Allary Editions, pour fonder Les Livres du futur. Ce changement lui permet d’avoir plus de liberté quant au choix de la mise en page et de la fabrication de ses bandes-dessinées.

Ces auteurs à succès se sont tournés vers l’autoédition par volonté de garder un plus grand contrôle sur leurs œuvres. Cela signifie-t-il donc que les éditeurs ne sont pas nécessaires ?

Les maisons d’édition restent indispensables au monde du livre

La publication d’un livre passe par plusieurs étapes : de l’écriture, à la publication en passant par la correction, la mise en page, la relecture, la fabrication, la promotion, la communication ou encore la cession de droits. Chaque étape, dans une maison d’édition, est gérée par un professionnel. Autoéditer son livre, c’est donc prendre à sa charge toutes ces étapes nécessaires pour que le livre voit le jour. Vendre son travail et réaliser toutes les étapes annexes à la création de son œuvre va bien plus loin que le travail d’écrivain. Cela représente également une perte de temps considérable pour l’auteur, qui peut se consacrer entièrement à l’écriture au sein d’une maison d’édition.

De plus, l’éditeur permet d’apporter un sens critique aux auteurs. Même avec l’assurance que ses premiers livres ont fonctionnés, comment un auteur peut-il être sûr qu’ils continueront à plaire s’il ne se fit qu’à lui-même sans le regard extérieur et expert d’un éditeur ?

Loin d’être superflu, l’éditeur est donc un acteur primordial dans le monde du livre.

Riad Sattouf et Joël Dicker ont fait le pari de la réussite future de leurs publications en se basant sur leurs précédents succès lorsqu’ils ont pris la décision de fonder leur propre maison d’édition. L’avenir seul nous dira si leurs prochaines parutions continueront à séduire et à générer autant de ventes que jusqu’à présent…

Agathe Charrié