Les conséquences du Covid-19 sur le marché de l’art

Les étudiants en management culturel ont été sensibilisés aux conséquences du Covid-19 sur le marché de l’art à l’occasion d’un séminaire d’une semaine au Sotheby’s Institute of Art, où ils ont suivi des cours donnés par des experts du marché de l’art. Une expérience enrichissante et instructive. 

À la veille de l’épidémie du Covid-19, le marché de l’art se trouvait impacté par certains facteurs exogènes comme le Brexit en Angleterre et la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine. Plus de 80% des transactions effectuées sur le du marché de l’art se faisant dans ces trois pays, la répercussion sur les ventes a été sensible, chutant de 5% pour arriver à un total en valeur de 67,4 milliards de dollars. 

Depuis que la crise sanitaire s’est ajoutée à ce contexte, la situation est dramatique pour les galeries, foires et maisons d’enchères, qui essaient tant bien que mal de faire face ; notamment à travers la digitalisation de leurs activités. 

Les galeries en (première) ligne

Les galeries de petite et moyenne taille sont particulièrement en danger. En effet, la majorité des investissements dans les foires ont été réduits à néant et les ventes ont fortement diminué, ce qui a asséché leur trésorerie. Ainsi, en France, on estime une perte liée aux ventes de 184 millions d’euros en juin. Inévitablement, cela pourrait donner lieu à de nombreuses faillites : 1/3 des galeries pourraient être amenées à fermer définitivement.

Le choc est moins rude pour les grandes galeries qui, pour certaines d’entre elles, ont pris depuis un certain temps déjà le virage du numérique. Elles ont su limiter les dégâts, voire même tourner la situation actuelle à leur avantage. Par exemple, le galeriste David Zwirner, ayant développé une viewing room depuis 2017, a augmenté ses ventes en ligne de 400% depuis le début de l’épidémie. Il semblerait en effet que cette situation particulière soit une opportunité pour les galeries de rejoindre la tendance économique globale consistant à se digitaliser. 

L’annulation et le report des foires

Les foires, représentant 30% à 80% du revenu des galeries, souffrent beaucoup de cette situation. En effet elles font face au dilemme annulation ou report – l’annulation étant la solution la plus simple mais la plus douloureuse et le report impliquant le déploiement de beaucoup d’énergie alors que subsistent de nombreuses incertitudes. Dans cette pagaille, certaines foires parviennent à garder la tête hors de l’eau : le leader Art Basel avait décidé de maintenir numériquement sa manifestation à Hong Kong en mars. Les résultats se sont avérés positifs, avec 250 000 visiteurs (contre 88 000 en 2019) et de nombreuses ventes. Cette expérience a été assez concluante pour être envisagée comme une proposition long-terme, payante et à la pointe de la technologie (avec la réalité augmentée ou virtuelle). Cependant, seules Art Basel et Frieze ont pris ce tournant. La pandémie risque en effet de faire un grand tri dans les foires, qui se sont multipliées ces dernières années : 60 existaient en 2000, pour près de 300 en 2019.

Les ventes aux enchères exclusivement en ligne

Les maisons d’enchères connaissent quant à elles une baisse des ventes de 38% comparé à la même période en 2019. Cependant, le choc a été amorti grâce au fait que les ventes aux enchères se déroulant en partie ou exclusivement en ligne existent déjà depuis quelques années. Les résultats nous montrent d’ailleurs que les enchérisseurs font confiance aux ventes en ligne, qui ont augmenté de 25% depuis le début de l’épidémie. Par exemple, chez Sotheby’s, la vente Design le 31 mars a totalisé 2 millions d’euros enchéris. Le même jour, a eu lieu la vente d’un tableau d’Irma Stern pour près de 500 000 euros. L’épidémie a offert l’opportunité aux maisons d’enchères d’attirer une nouvelle cible de clients sur leurs ventes en lignes. Chez Christie’s, 41% de leurs nouveaux clients ont été ferrés en ligne. 

Ainsi, les 22 millions d’euros débloqués par le Ministère de la Culture (dont 2 millions seront redistribués aux arts plastiques) semblent symboliques face à tous les enjeux rencontrés par ces différents acteurs. Ceux-ci ont peu d’autres choix que la digitalisation pour tenter de rester dans la course. Cette crise est pour eux l’opportunité d’offrir davantage d’accessibilité et de transparence (notamment concernant les prix des œuvres), ce qui permettrait d’attirer une communauté plus large. La bonne nouvelle est que les petites et moyennes galeries devraient rouvrir le 11 mai, nous permettant de retrouver les émotions procurées par la contemplation des œuvres in situ

Sources : 

Par Adélaïde Duflos

Pour en savoir plus sur le séminaire suivi par les étudiants au Sotheby’s Institute of Arts, cliquez !