Alors que la rétrospective consacrée au peintre Pierre Soulages vient de fermer ses portes au musée du Louvre, revenons sur ses terres dans un des rares musées spécialement consacré à un artiste de son vivant.
L’ouverture du musée Soulages
Pour les 90 ans du peintre, la plus grande rétrospective jamais réalisée pour un artiste de son vivant, s’est tenue au Centre Pompidou, faisant de cette exposition l’une des plus fréquentées de toute l’histoire du musée. Dix ans plus tard, c’est au Louvre que les visiteurs ont pu voir l’exposition retraçant le parcours du peintre de l’outrenoir depuis 1946 ; avec des toiles provenant des plus prestigieux musées du monde.
C’est au musée Soulages, à Rodez en Aveyron, dans la ville natale de l’artiste, que l’on peut accéder à la plus importante collection de ses œuvres – la majorité d’entre elles étant issues d’un don de l’artiste et de sa femme.
Ce musée, inauguré en 2014, continue à battre des records, une surprise pour un petit musée régional et pour la ville dont la population était contre le projet en 2009. Et pourtant, à l’image de Bilbao, la création du musée a su engendrer une nouvelle dynamique dans la région ruthénoise. Dépassant largement les prévisions de 40 000 visiteurs la première année, c’est aujourd’hui près d’un million de personnes qui ont pu visiter le musée.
Conçu par le cabinet d’architecte espagnol RCR Arquitectes, qui a depuis recu le prix Pritzker (considéré comme le prix Nobel d’architecture), le musée surprend tout d’abord par ses toiles d’acier à l’aspect rouille. C’est depuis l’intérieur, dans les salles d’exposition, que l’on se rend compte de toute l’ingéniosité de l’architecture, conçue pour mettre en valeur l’œuvre de l’artiste. Soulages est connu pour ses travaux sur le noir mais à l’intérieur de l’exposition permanente c’est son travail sur l’alchimie entre le noir et la lumière qui colore les tableaux que l’on découvre.
Une carrière internationale
Inspiré par l’art roman, les peintures rupestres et l’archéologie locale, l’artiste commence très tôt à peindre. Après une déception face à l’enseignement classique de l’école des Beaux-Arts, il rentre dans sa région natale et commence ses fameuses toiles abstraites au brou de noir.
Il a aussi expérimenté de nombreuses techniques de gravure, la lithographie, l’eau forte qui donne à ses œuvres un air de photos en argentique. On les retrouve au sein de l’important panorama chronologique de l’œuvre et de l’artiste au sein du musée. Les salles suivantes sont consacrées aux œuvres en relief qui ont fait la renommée du peintre.
Grâce aux ouvertures du musée et aux différentes luminosités de la journée, les reliefs se distinguent et changent de couleur à l’image des vitraux de l’abbaye de Conques auxquels un espace est ensuite dédié. Perfectionniste, l’artiste a travaillé pendant plusieurs mois, allant jusqu’à concevoir avec des maitres verriers la substance même du verre pour faire entrer la lumière dans cette abbatiale d’importance historique, située sur les chemins de Saint Jacques de Compostelle.
Dès les années 50, les peintures de l’artiste se font une place aux côtés des plus grands peintres aux quatre coins du monde, au MoMA de New York, au Musée d’Art Moderne de Paris, à la Tate Gallery de Londres ou encore au Musée d’art moderne de Rio de Janeiro. Cet engouement international pour Soulages ne s’est ensuite pas démenti. Il est le premier artiste vivant à être invité à exposer au musée de l’Ermitage de Saint Pétersbourg et il est le peintre français vivant dont les toiles se vendent le plus cher, la dernière en date vendue en novembre 2009 pour 9,6 millions d’euros.
Les femmes à l’honneur au musée
Le musée a aussi été crée, selon la volonté de Soulages, afin d’exposer d’autres artistes. Après des expositions temporaires consacrées aux dessins de Picasso, à Yves Klein et le Corbusier, vous pouvez aujourd’hui admirer une exposition très intéressante bien que réduite sur les œuvres abstraites de femmes artistes dans les années 50. De Sonia Delaunay à Helena Vieira da Silva, en passant par des sculptrices comme Marta Pan, cette courte exposition permet de retracer une époque méconnue du grand public et de redécouvrir des artistes qui influencèrent le milieu artistique parisien des années 50.
Par Eloïse Gineste
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