(Re)Découvrez le Centre Pompidou Metz

Il y a quelques jours, le Centre Pompidou, déjà touché de plein fouet par la crise sanitaire, annonçait la fermeture de ses portes pour travaux entre 2023 et 2026. L’occasion pour les 3,27 millions de visiteurs qui ont visité l’institution en 2019, futurs orphelins, de découvrir ou redécouvrir sa petite sœur : le Centre Pompidou Metz.

À 333 kilomètres de Paris, 1h30 de TGV, et deux minutes seulement de la Gare de Metz, le Centre Pompidou Metz ouvre ses portes en 2010 dans le cadre d’une expérience inédite de décentralisation culturelle, la première pour un établissement culturel national en France. Digne représentant d’une des plus grandes collections d’art moderne et contemporain au monde, voici pourquoi il mérite d’être visité.  

Les trésors cachés de Beaubourg

Yves Klein et ses contemporains
© Colle

Avec plus de 120 000 œuvres, le Centre Pompidou détient la collection d’art moderne et contemporain la plus importante en Europe. Problème : son bâtiment parisien ne dispose que d’une capacité d’exposition de 1300 œuvres, et la grande majorité d’entre elles sont condamnées à rester cachées dans les réserves du musée. Plus de 30 ans après l’inauguration du musée, la création du Centre Pompidou Metz s’impose ainsi comme l’opportunité parfaite de dévoiler les plus grands chefs d’œuvres cachés de l’institution et de mettre davantage en avant sa collection.

Dans un entretien réalisé pour le catalogue de l’exposition inaugurale en 2010, Alfred Pacquement, alors directeur du musée national d’art moderne, déclare en effet :

« Ce qui m’a stimulé dans ce projet, c’est de pouvoir présenter davantage et mieux la collection du Mnam. (…) Elle a besoin de structures d’accueil complémentaires pour être présentée de façon plus complète. Metz répond concrètement à cet objectif. D’autre part le Centre Pompidou par sa vocation nationale, pédagogique, éducative, reste néanmoins contraint dans son mode de présentation de la collection. Il a des points fixes, des œuvres incontournables et même des obligations par rapport à certaines donations. Metz permet ainsi de proposer une autre présentation des collections, plus dynamique, en mouvement, en transformation et sans contrainte, sur un mode expérimental et complémentaire. »

En 2010, l’exposition inaugurale « Chefs d’œuvre ? » permet ainsi au public d’admirer 800 œuvres des plus grands maîtres de l’art contemporain tels que Picasso, Matisse, Braque, Soulages, Brancusi, Calder, Man Ray, Dali ou encore Duchamp. Puisées dans les stocks de Beaubourg mais aussi de grands musées nationaux comme le Louvre, elles occupent alors toute la surface du musée :  8000 m2. L’exposition est également l’occasion d’apprécier des œuvres jusqu’alors jamais exposées du fait de leur très grande taille, comme les 4 panneaux Relief pour l’escalier du palais des Chemins de fer de Robert Delaunay, mesurant 6,30 mètres de haut. Une exposition spectaculaire, qui permet aussi d’introduire au public un autre chef-d’œuvre du Centre Pompidou Metz : son bâtiment.   

Un nouveau bijou d’architecture

Le Centre Pompidou Metz
© Colle

Comme Beaubourg, le Centre Pompidou de Metz est une œuvre architecturale innovante, et le résultat d’un concours international d’architecture dédié. Une preuve supplémentaire de l’ADN commune entre les deux institutions.

Le Centre Pompidou Metz se compose de trois parallélépipèdes de béton, superposés en étoile, vitrés aux extrémités, et orientés en direction des plus beaux édifices de la ville. Ces blocs sont surmontés d’une toile blanche tendue reposant sur des piliers de bois. L’édifice trouve son originalité dans la légèreté de sa structure, l’illusion de mouvement et ses jeux de transparence, d’ombres et de lumières. L’ensemble, rappelant un chapeau chinois est ainsi une œuvre sculpturale à part entière, et le fruit du travail d’un japonais et d’un français : Shigeru Ban et Jean de Gastines.

Finalement, si au premier regard la filiation Beaubourg et l’institution Messine ne semble pas si évidente, c’est en prenant de la hauteur que leur lien ne fait plus l’ombre d’un doute. Les architectes ont en effet posé au sommet de l’édifice hexagonal un indice de taille : une flèche de 4 tonnes, culminant à 77 mètres de hauteur. 77, comme l’année d’inauguration du Centre Pompidou à Paris.

Des expositions innovantes reconnues mondialement

Nadia Lauro, I hear Voices
© Colle

Le Centre Pompidou Metz, en tant qu’institution autonome, libre dans sa programmation mais porteuse des valeurs de l’institution parisienne, s’impose rapidement comme un centre d’art de prestige. Ses expositions sont de véritables succès, et résonnent à travers le monde, jusque dans les pages du New York Times. « Paparazzi ! Photographes stars et artistes » en 2014, « Japanorama – Nouveau regard sur la création contemporaine » en2017 ; ou encore « Folklore », en 2020 attirent les foules et enchantent la critique.

Un succès pouvant être imputé à des choix de thématiques innovantes et à des scénographies d’exception : en 2018, l’exposition « Peindre la nuit » plonge les visiteurs dans une obscurité presque totale, proposant une déambulation expérimentale et sublime, multi-sensorielle, au fil des œuvres de Magritte, Kandinsky, Bacon ou encore Louise Bourgeois.

De la même façon, la troisième galerie du musée, la plus élevée, offre régulièrement aux visiteurs des expériences hors du commun. En 2015, c’est l’artiste coréenne Kimsooja qui recouvre intégralement le sol de miroir, donnant au public l’illusion de marcher sur l’eau dans une œuvre intitulée « To Breathe » En 2020, Susanna Fristscher prend possession de la galerie pour suspendre au plafond des milliers de fils de silicone transparents résonnant et ondulant au souffle du système d’aération du Centre Pompidou Metz. Un moment suspendu, hors du temps, intitulé « Frémissements ». Pour 2021, c’est d’abord le retour du public que le musée attend.

Frémissements, Susanna Fristcher
© Colle

En 2021 au Centre Pompidou Metz :

Le Ciel comme atelier. Yves Klein et ses contemporains. (jusqu’au 15 mars 2021)

Chagall. Le passeur de Lumières (jusqu’au 15 mars 2021)

Aerodream. Architecture, design et structures gonflables, 1950-2020 (du 30 janvier 2021 au 23 août 2021)

Mathilde Colle

Sources :

« Chefs-d’œuvre ? » Catalogue de l’exposition – Sous la direction de Laurent Le Bon (2010)

https://www.centrepompidou-metz.fr

https://www.francetvinfo.fr/culture/arts-expos/centre-pompidou/le-centre-pompidou-metz-fete-ses-dix-ans-avec-deux-expositions-phare-yves-klein-et-le-folklore-dans-l-art-contemporain_4047993.html

https://www.france.fr/fr/alsace-lorraine/liste/4-bonnes-raisons-de-visiter-le-centre-pompidou-metz

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