Star Wars 8: l’émancipation inespérée d’une saga culte

Rian Johnson, avec Les Derniers Jedi , en affirmant une vision personnelle qui prend le contrepied de la saga originale, réussit là ou son prédécesseur avait échoué. Si Le Réveil de la Force restait fidèle à l’esprit de la trilogie originale Star Wars mais ne parvenait pas à s’en émanciper, ce nouvel opus surprend à tous les niveaux.

D’abord en tranchant avec le ton traditionnel des Star Wars. L’humour très présent afin de dédramatiser les scènes d’action rappelle la « formule Marvel », ce qui n’est pas si surprenant étant donné que les deux franchises appartiennent désormais à Disney.

Toutefois l’humour est ici plus dosé et parfois même bienvenu. C’est le cas pour Leïa qui répond à Luke, après avoir été séparée de son frère pendant des années ou celui-ci n’avait cessé de se reprocher que son fils ait basculé du côté obscur par sa faute, « Je sais ce que tu vas dire. J’ai changé de coiffure! »

On aurait pu s’attendre après le très fidèle mais timoré film de J.J. Abrams à ce que l’intrigue suive approximativement celle de L’Empire contre-attaque . Or c’est tout autre chose que Rian Johnson nous présente ici. Fini le mythe de « l’élu », du héros dont les liens du sang déterminent le destin. Ici on ne naît pas héros, on le devient. Rey n’a pas hérité de la force parce ce qu’elle est une Skywalker ou une Kenobi, mais simplement par l’heureux fruit du hasard. C’est l’usage qu’elle fait de la force qui la rend vraiment héroïque.

Les masques tombent; l’idole sacrée, la « légende » est mise en pièce dès que Luke jète vulgairement son sabre laser, symbole de sa toute-puissance et de l’héritage des Jedi. Luke Skywalker a perdu l’optimisme et l’idéalisme qui lui sont si caractéristiques. À présent, c’est un personnage torturé par les conséquences de ses actions passées et de celles de l’ordre des Jedi. Dans cette torture qu’il s’inflige à lui-même, Luke a besoin d’un guide. L’élève devient le maître. Rey devient le mentor du vieil homme qui s’est retiré du monde par désespoir.

C’est donc surtout un point de vue drastiquement opposé sur la définition du héros qui fait de Les Derniers Jedi le Star Wars que l’on n’attendait plus. En définitive, Star Wars est passé par la case « Game of Thrones ». La frontière entre le bien et le mal n’est plus aussi claire dans ce monde complexe.

On reconnaîtra quand même à J.J. Abrams d’avoir pris plus le temps pour développer l’intrigue et les personnages. Ici le rythme est effréné, les rebondissements s’enchaînent frénétiquement sans jamais laisser le temps au spectateur d’en prendre pleinement la mesure. On a tout juste le temps de découvrir un nouvel environnement qu’on est plongé dans un autre.

La richesse visuelle de cet épisode compense la cadence excessive des péripéties au point de faire oublier rapidement celle de Rogue One . La scène de combat final dans le sel rouge, notamment, et le plan de la mort de Luke Skywalker nous rappellent la mise en scène soignée dont Rian Johnson avait déjà fait preuve dans Looper .

Au final, Les Derniers Jedi aura su éviter le piège de la répétition tendue par le film précédent. Tout en maintenant une cohérence avec les nouveaux personnages de l’univers Star Wars. Si Disney parvient à maintenir ce niveau de qualité pour ses nombreuses suites et spin-offs, la Force devrait encore pouvoir durer pendant longtemps.

Au-revoir là-haut, oeuvre déclinée sous toutes ses formes

Cette semaine, on parle littérature et cinéma autour de l’œuvre Au-revoir là-haut, roman paru en 2013. Il a remporté le Prix Goncourt de la même année et c’est mérité !

C’est vrai que des romans sur les Poilus, sur la Première Guerre mondiale, qu’on a étudié en long en large et en travers au collège puis au lycée, on en a déjà lus et relus – par dizaines ! Read more

Photographie ; L’Odyssée de l’errance au Passage Sainte Croix

Du vendredi 26 janvier au samedi 17 mars 2018, le Passage Sainte-Croix présente l’Odyssée de l’errance, une exposition de photographie et de vidéo d’Olivier Jobard et Claire Billet.

Pendant 10 ans, Olivier Jobard, reporter/ photographe, a parcouru les routes du Sud au Nord avec les migrants venus d’Afrique. Claire Billet, caméraman, a suivi cinq jeunes Afghans entre Kaboul et Paris. Deux longs et intenses périples qui ont donné naissance à une exposition poignante.

Deux séries de photographies sont proposées 

Balkan Transit, ou Tu seras suédoise ma lle, 2015, Prix de l’Agence Française pour le Développement (AFD) en 2016. Ce premier reportage raconte l’histoire de Jihane et Ahmad, un couple de Syriens qui ont conduit leurs enfants de l’île de Kos (Grèce) à la Suède. Un mois, 8 frontières, 9 pays, 4000 km.

Kingsley, itinéraire d’un immigrant clandestin. Kingsley, jeune camerounais de 22 ans, a traversé l’Afrique subsaharienne (le Cameroun, le Nigeria, le Niger, le désert du Sahara, l’Algérie et en n le Maroc) pour s’embarquer sur un esquif de fortune et affronter l’Atlantique, afin d’entrer clandestinement sur le territoire européen.

Infos pratiques

Du 26 janvier au 17 mars 2018 Du mardi au samedi
De 12h à 18h30
Entrée libre

Pour l’autre article de la semaine, c’est ici !

Intervention de Benoît Danard

Cette semaine les étudiants de la Majeure Culturelle ont eu la chance de rencontrer Benoît Danard. Après des études de droit, de journalisme et de management des médias, il s’est spécialisé dans les analyses économiques : Au Conseil Supérieur de l’Audiovisuel (CSA) d’abord, puis au Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC). Il y occupe le poste de directeur des études statistiques. Nous avons assisté à son intervention. Read more