Le Siècle Soulages, hommage au peintre de la lumière

Le 24 Décembre prochain, le peintre Pierre Soulages célèbrera son centième anniversaire. Rodez, la ville natale de l’artiste, rend hommage au maître de l’outrenoir. 

Pierre Soulages, l’artiste vivant français le plus connu à l’international, est un enfant de l’Aveyron. Né en 1919 d’une famille d’artisans ruthénois, il a grandi au sein d’un terroir riche et inspirant. Les paysages arides des Causses, la majesté de l’abbatiale de Conques ou encore les fascinantes statues-menhirs, furent une source privilégiée d’inspiration pour son art. Ainsi, le choix de l’implantation du Musée Soulages dans la ville de Rodez fut donc une évidence.

Le musée Soulages de Rodez
Le Musée Soulages de Rodez, Copyright : Pauline Ferrières

Le Musée Soulages

Inauguré en 2014, le Musée a donné un nouveau souffle à la ville de Rodez. En effet, il est aujourd’hui l’un des musées de province les plus fréquentés. Le musée abrite la plus grande collection d’œuvres de Pierre Soulages au monde : des brous de noix et peintures sur papier et de nombreuses estampes (eaux-fortes, lithographies, sérigraphies). Mais également des peintures sur toiles, avec les célèbres tableaux « outrenoir » qui ont fait la renommée de l’artiste. S’il aime tant travailler le Noir, c’est car cette couleur révèle la lumière. Par les reflets permis par la matière noire. Ainsi, la lumière jaillit de l’obscurité : c’est de ce paradoxe, à la symbolique profonde que naît sa création.   

« J’aime l’autorité du noir. C’est une couleur qui ne transige pas. Elle est violente mais incite pourtant à l’intériorisation. A la fois couleur et non-couleur. Quand la lumière s’y reflète, il la transforme, la transmute. Il ouvre un champ mental qui lui est propre. »


Propos de  Pierre Soulages.
Détails d'un tableau outrenoir de Pierre Soulages
Détails d’un tableau outrenoir de Pierre Soulages, Copyright : Pauline Ferrières

L’architecture du Musée Soulages est à la mesure de l’œuvre picturale de l’artiste. En 2017, le cabinet catalan RCR reçoit le prix Pritzker pour ce projet architectural d’envergure. Aussi, il s’agit de la plus haute distinction dans le domaine de l’architecture. Les nuances de l’acier Corten, qui enveloppe le musée, font écho au travail artistique de Soulages.

Quelles expositions ?

L’espace d’expositions temporaires du Musée, exigé par le peintre lors de sa création, accueille des expositions d’art moderne et d’art contemporain de haut vol. Une fois de plus, dans le cadre du centenaire du peintre de la lumière, le Musée Soulages offre une superbe programmation artistique : 

  • Du 19 Avril au 26 Mai 2019 : l’exposition d’art numérique de Miguel Chevalier « Pixels Noir Lumière ».
  • Entre le 22 Juin et le 3 Novembre 2019 : l’exposition d’œuvres monochromes d’Yves Klein « Des cris bleus ».
  • Du 14 Décembre au 10 Mai 2020 : l’exposition « Femmes – Années 50, Sonia Delaunay, Joan Mitchell et l’autre moitié de l’avant-garde ».

Dans le même élan, la ville de Rodez s’associe à des artistes et de nombreux acteurs du territoire. Par conséquent, ils proposent des évènements artistiques et culturels riches pour le « Siècle Soulages » :

  • Du 12 Avril au 15 Septembre 2019 : un parcours de sculptures monumentales d’art contemporain investit le cœur de ville. En particulier avec les sculptures majestueuses de Christian Lapie.
  • Entre le 8 Août et le 18 Août 2019 : une installation de réalité virtuelle générative « Digital Supernova » de Miguel Chevalier est projetée sur les voûtes de la nef de la Cathédrale de Rodez.
  • Du 20 Avril au 31 Décembre 2019 : sept grands chefs étoilés aveyronnais rendent hommage à Pierre Soulages par des créations culinaires inédites. 

Vous pouvez consulter l’intégralité de la programmation des évènements du « Siècle Soulages » sur le site officiel : https://www.sieclesoulages.fr

Détails d'un brou de noix de Pierre Soulages
Détails d’un brou de noix de Pierre Soulages, Copyright : Pauline Ferrières

Pauline, Apolline, Mélanie, étudiantes de la Majeure Culture

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Galerie Fontaine – Entre esthétique et éthique

L’échange qui va suivre à propos de la Galerie Fontaine est extrait d’un entretien qui eut lieu le 26 avril 2019. Le choix fut fait de ne pas conduire une interview, mais plutôt d’entamer une conversation autour de la pratique artistique et de la vision de l’art qu’a Michaël, jeune diplômé de l’école des beaux-arts de Nantes suivant la Majeure Management des institutions culturelles d’Audencia. Tout cela dans le cadre du partenariat entre l’Ecole des Beaux-Arts de Nantes et l’école Audencia. Son interlocuteur sera Thibaud, élève de la Majeure, issu d’Audencia.

Michaël envisage l’art du point de vue de la création en tant que jeune artiste plasticien. Thibaud l’appréhende lui par le prisme des institutions muséales, avec lesquelles il eut l’occasion de collaborer. Les deux intervenants de la causerie qui va suivre s’expriment donc de deux endroits différents de l’univers de l’art. De ces endroits, l’objet de l’art est perçu, observé différemment. Ainsi, le but de cet échange n’est pas de définir un objet, l’art, qui se dérobe sans cesse, toujours redéfini, mais de l’envisager sous différents angles. En bref, de croiser les regards. Et pourquoi pas sous la forme d’une digression ? “La réponse est le malheur de la question” disait Maurice Blanchot (L’Entretien infini, 1969) ; alors ne concluons pas, discutons.

THIBAUD : Il y a une œuvre que tu m’as montrée qui m’a interpellé : c’est la Galerie Fontaine.

Lorsque tu m’as présenté ta documentation, tu as évoqué la question – et je te cite – “de la visibilité ou de l’invisibilité de l’art dans l’espace public”.

Parce que sur le principe, cela me fait beaucoup penser aux Boîtes-en-valise de M. Duchamp, sur ce jeu avec l’institution. Toi comme Duchamp, vous présentez finalement un musée en miniature, un musée portable. Mais ce que je trouve différent entre vos deux recherches, c’est que l’œuvre de Duchamp a un côté plus privé, intime. Une valise, c’est à usage personnel, si on l’ouvre pour voir un mini-musée, c’est pour voir son musée à soi, et rien que pour soi. D’ailleurs, Duchamp n’y a mis que des œuvres qu’il avait faites lui-même. Alors que toi, tu as créé Galerie Fontaine exprès pour que d’autres artistes puissent exposer à l’intérieur. Et puis, tu as mis cette “Galerie”, enfin plutôt ce socle de galerie, ce cube blanc, sur roues : en soi la Galerie Fontaine est faite pour “exposer”, pour montrer une œuvre à un public.

MICHAËL : Oui effectivement, et rien que le nom de « Galerie Fontaine» peut s’envisager comme un clin d’œil à l’œuvre de M. Duchamp (cfFontaine).

Et puis c’est parti de quelque chose de très particulier !

En fait, à l’époque après avoir conçu la Galerie Fontaine, un collègue artiste et moi-même avons imaginé et fabriqué une fragrance qui allait être diffusée pendant chaque exposition, et puis on a bricolé un diffuseur d’odeurs pour qu’il se conjugue au design de la Galerie, et ça a donné une fontaine odorante. D’où le nom de Galerie Fontaine, tu vois. Et finalement, ce travail avec le diffuseur et la création de la fragrance, c’était la première œuvre qui à été intégré ma Galerie, qui d’ailleurs, parachevai son esthétique.

Aussi, à la base, il y avait la volonté de créer une galerie qui soit à la fois un espace et un objet, une sculpture vide. Puis de jouer sur cette question de la diffusion surtout, voir même de dissémination. Après il y a la question de la mobilité… mais contrairement à la valise de Duchamp, ce qui m’importait c’était l’idée que de jeunes artistes pouvaient se rencontrer autour de cette “Fontaine”. Et produire des œuvres spécifiques aux dimensions de cet espace. La Galerie Fontaine,c’était une sorte de contrainte, règle de base à partir de laquelle les artistes pouvaient développer un projet, en collaboration ou en solo.

THIBAUD : Oui, justement, c’est là où je voulais en venir !

C’est que ton œuvre recouvrait pratiquement un travail de commissariat. Il s’agissait bien d’offrir à de jeunes artistes un espace pour se montrer, pour montrer leurs œuvres. Et ce travail de commissariat, je crois que tu l’as développé avec l’exposition Dédale que tu as imaginée en 2016. Il y avait alors, si je me souviens bien, 14 artistes invités qui collaboraient dans un espace minuscule. J’ai trouvé cela assez parodique d’offrir ainsi si peu d’espace à chaque artiste alors que tu es censé les aider à exposer.  

MICHAËL : Ah ! Mais alors peut-être qu’il faudrait parler de l’esthétique de la Galerie Fontaine, et ensuite de l’usage que j’en ai fait. D’abord, c’est clairement un objet qui n’est pas neutre. Tu vois, pour la création de cette espace, j’ai repris certains codes. Notamment, l’espace blanc, immaculé des espace d’exposition. Et la forme de la Galerie Fontaine lorsqu’elle est fermée n’évoque rien d’autre qu’un socle blanc. Après, il ne s’agit pas de reproduire les codes, tu vois, lorsque j’ai imaginé cet espace d’exposition je l’ai pensé à échelle réduite, et j’y ai ajouté la mobilité, la modularité. Tout ça participe à une satire. Ou une parodie d’un leitmotiv contemporain « mobilité, flexibilité, adaptabilité ». On est dans du design fictif et à ce moment-là. La fonctionnalité m’importait peu vis-à-vis de l’image que produisait l’objet. Et en ce sens l’objet n’est pas neutre.

Quel a été le moment où tu as décide d’impliquer d’autres artistes ?

Quand je me suis posé la question de l’usage ; et c’est véritablement à ce moment-là que j’ai petit-à-petit changé de casquette pour penser à un travail de commissariat d’exposition. Et comme tu l’as remarqué, dans le cadre de l’exposition Dédale, j’ai invité 14 artistes à imaginer des productions “spécifiques” à cet espace, genre, du sur mesure. En fait, ça produit un hiatus entre le nombre d’œuvres que peut accueillir la Galerie Fontaine et le nombre d’artistes sensé y exposer leurs productions. Mais tu vois, à l’échelle des institutions que nous connaissons, c’est la même affaire. Entre le nombre de jeunes artistes qui pourraient exposer leur production, et ceux qui les exposent vraiment… Combien ont la possibilité d’exposer dans ces cadres de consécration ?

Alors oui, quand je propose à 14 artistes d’exposer dans une galerie à échelle humaine ça parle d’une réalité. Celle de la difficulté pour les artistes de trouver un endroit où exposer, des différentes instances de légitimations de leurs pratiques. Et surtout, et le plus important à mes yeux, ça pose la question de la sélection d’artistes. Sur quels critères on se base pour sélectionner un artiste ? Et là, selon moi on rentre petit à petit dans des questions de commissariat. Des questions autant esthétiques que éthiques à mon sens.

THIBAUD : Comment ça éthique ?

Parce que… la question esthétique me semble évidente en effet : selon les commissaires, les sensibilités divergent et deux rétrospectives sur le même artiste peuvent prendre des tournures complètement différentes. Par exemple, se tient actuellement au Centre Pompidou une rétrospective autour de Victor Vasarely. Les œuvres exposées sont toutes autres que celles qui furent présentées pour une rétrospective similaire au Städel Museum de Francfort en septembre 2018. L’accent à Pompidou est mis sur l’op art, l’optimisme et le pop acidulé des œuvres qu’a produites Vasarely dans les années 60. Tandis que le Städel présentait en grande partie les œuvres que Vasarely a peintes pendant la guerre, œuvres très sombres et introspectives. Certes, le choix de ne pas présenter une partie de la production d’un artiste peut recouvrir un choix éthique – que présente-t-on, comment et pourquoi ? ; c’est cela que tu veux dire ?

MICHAËL : Tu vois, personnellement, lorsque le projet Galerie Fontaine devenait de plus en plus un projet de commissariat, je me demandais : pour qui est-ce que le commissaire travaille-t-il ? L’institution qui l’invite pour organiser une exposition ? Les artistes, les œuvres qu’il sélectionne ? Le public qui se rend à l’exposition ? Il y a des intérêts qui peuvent diverger… Parce que je me rendais bien compte qu’en même temps que j’accompagnais et que je boostais les artistes sur leurs projets, je voulais que tout ça entre dans le cadre que j’avais également fixé. Autrement dit, laGalerie Fontaine. Je me suis alors demandé comment mes choix limitaient le champ d’action de l’artiste invité…

Et pour la question éthique ?

Alors pour te répondre sur la question éthique. Finalement le commissaire devient responsable d’une expérience qui influe très largement sur la réception des œuvres que fera le public. Une même œuvre dans deux expositions différentes pourrait simplement ne pas avoir le même sens. Jusqu’où le commissaire peut-il s’approprier le travail de l’artiste ? Le commissaire a donc un rôle éthique à jouer vis-à-vis des artistes, et le regard qu’il porte sur une œuvre à de nombreuses incidences. Malgré tout, le rôle du commissaire est de créer des règles, de définir un cadre. Et ce n’est pas un mal ! Les artistes ont besoin de ce cadre pour pouvoir créer.

THIBAUD : Oui ! Cela me rappelle la notion du débordement dont tu avais parlé. Cette nécessité pour les artistes d’avoir des règles pour pouvoir les déborder. J’avais trouvé cela fort cette vision de l’artiste comme agent qui vient affirmer ou transgresser les codes sociaux. En tout cas un individu qui questionne notre regard. Finalement, on en revient à la question du rôle éthique de l’artiste.

Propos transcrits par Thibaud Richard et Michaël Branchu.

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Des élèves de l’École du Louvre dans la Majeure Culture

Si cinq élèves d’Audencia ont d’abord suivi les enseignements de l’École du Louvre, deux étudiantes ont à leur tour intégré la majeure “Management des institutions culturelles” d’Audencia. Retour sur leur expérience le temps d’un semestre… 

Où en êtes-vous dans votre parcours au sein de l’École du Louvre, et quel a été votre cursus ? 

Ambre: Je suis entrée à l’École du Louvre en validant le test probatoire qui donne accès au premier cycle d’enseignement consacré à l’histoire de l’art. Je suis spécialisée en histoire des arts d’Extrême-Orient ce qui m’a permis d’étudier à la Peking University en Chine. Cela m’a également orientée vers l’apprentissage du japonais à l’INALCO. J’ai également pris part à un partenariat entre l’École du Louvre et l’ESSEC afin de compléter encore mon cursus. J’effectue actuellement ma première année de deuxième cycle à l’École du Louvre ; c’est-à-dire le Master 1 de l’établissement dédié au domaine muséal.

Apolline: Je suis actuellement en deuxième année de deuxième cycle, soit en Master 2, spécialisée en Médiation Culturelle. J’ai intégré l’École du Louvre par équivalence (sur dossier) en Master 1 de muséologie, à l’issue de deux années de classe préparatoire littéraire option Histoire des Arts et d’une L3 d’Histoire de l’Art à l’Université de Strasbourg. 

Quel est votre projet professionnel ? 

Ambre: J’ai pour ambition d’occuper les fonctions de responsable d’un service culturel et particulièrement celles de conseiller de coopération et d’actions culturelles au sein des institutions françaises établies en Asie. Les notions de transmission, de communication et de médiation me sont en effet particulièrement chères. D’autant plus qu’elle tendent au renforcement des relations culturelles à l’échelle internationale, un enjeu majeur de la mondialisation actuelle.

Apolline: Passionnée par la transmission des richesses du patrimoine et de la création artistique, j’ai pour objectif professionnel de travailler au sein du service du développement des publics et de l’action culturelle d’un établissement patrimonial. Mon but est de prendre une part active à la valorisation d’une collection dans le cadre d’une institution muséale. En effet, je désire favoriser la rencontre entre les œuvres d’art et le public. Et pourquoi pas en étant actrice de la mise en place de la programmation éducative et culturelle d’une institution. 

Pourquoi avoir choisi le partenariat avec Audencia ? Quelle complémentarité existe-t-il entre les deux cursus selon vous ? 

Ambre : J’ai souhaité intégrer la majeure afin d’acquérir des compétences plus polyvalentes et notamment managériales appliquées au secteur culturel. Si l’École du Louvre délivre des connaissances théoriques sur la gestion du patrimoine collectif, la majeure culture permet d’envisager concrètement les enjeux actuels du domaine culturel. 

Apolline : J’ai choisi d’effectuer ce partenariat avec Audencia à la place de mon stage de fin d’étude afin d’enrichir mon champ de connaissances. Mais aussi de me former au management et à la gestion de projets, indispensables à la poursuite de mon projet professionnel. Ce sont notamment mes différentes expériences professionnelles (stages) qui m’ont incitée à me tourner vers cette formation complémentaire afin d’acquérir des connaissances et des atouts que mon parcours académique ne m’avait pas permis d’aborder jusque-là. 

Sur quel projet tutoré travaillez-vous ? Qu’en avez-vous retiré ? 

Ambre : Le projet tutoré auquel je participe est consacré à l’étude des possibilités d’exploitation du Vieux Château de Quintin. Ce travail me permet d’allier compétences en histoire de l’art et vision entrepreneuriale ; créant une émulation très constructive.

Apolline : Tout comme Ambre, j’ai été amenée à réaliser un projet pour le château de Quintin mais de nature différente. Il nous revenait d’étudier la viabilité sur le plan pratique et financier de la mise en place d’une structure d’accueil pour artisans d’art (pépinière). Le but était d’encourager la création d’artisans d’art, mais aussi de favoriser la transmission de leur savoir-faire auprès du public. Il fut extrêmement enrichissant de travailler en équipe sur ce projet. Cela m’a permis d’appréhender les différentes composantes de l’étude de faisabilité d’un projet, notamment la conception d’un business plan. 

Dans le cadre du module “Art et culture à l’international”, quel séminaire avez-vous choisi ? Que vous a-t-il apporté, ou quelles en sont vos attentes ? 

Ambre : J’ai suivi le séminaire organisé par l’université de Deusto à Bilbao. L’immersion auprès des acteurs locaux de la culture a été extrêmement enrichissante. Cela m’a aussi permis d’appréhender clairement les enjeux actuels et futurs du développement culturel à l’échelle d’un territoire.

Apolline : J’ai choisi d’effectuer le séminaire à l’École du Louvre, car celui-ci entre parfaitement en adéquation avec mon projet professionnel. Il me donnera l’occasion d’appréhender des problématiques concrètes au sein des institutions muséales. 

Quels sont, selon vous, les avantages et les inconvénients de la Majeure, et que retirez-vous de celle-ci ? 

Ambre : Effectuée en première année de master, cette expérience d’échange est très intense. En effet, il faut répondre simultanément aux exigences de la majeure (qui implique un investissement à la hauteur de notre intérêt pour ses enseignements) et à celles de l’École du Louvre (qui demande un engagement tout à fait assidu pour l’élaboration du mémoire d’étude). Les avantages apportés par la majeure prennent néanmoins le pas sur ces contraintes. Le dynamisme de ce cursus se révèle en effet particulièrement épanouissant. Les intervenants professionnels délivrent un savoir concret tandis que chaque expérience, même de loisir, se trouve être formatrice. L’esprit de promotion et l’enthousiasme régnant assurent enfin les meilleures conditions d’apprentissage et de formation. 

Apolline : La formation dispensée par Audencia est selon moi un complément essentiel à celle délivrée par l’École du Louvre. En effet, les différents enseignements nous permettent d’avoir une vision globale de l’économie de la culture. Ils nous permettent aussi d’acquérir des outils essentiels pour la gestion de projets culturels. L’un des avantages et des atouts de cette Majeure est selon moi sa pluridisciplinarité. Cela m’a permis d’élargir considérablement mon champ d’horizonu-delà des institutions muséales, notamment vers le spectacle vivant. L’ensemble des cours permet également de comprendre les enjeux et les mécanismes des organisations culturelles. 

Qu’avez-vous préféré durant ce semestre à Audencia ?

Ambre : L’investissement, l’enthousiasme et le dynamisme de la professeure responsable de la majeure est sans aucun doute l’élément qui m’a le plus marquée. Je souhaiterais d’ailleurs la remercier infiniment pour son accueil chaleureux et son soutien bienveillant.

Apolline : Je ne saurais réduire en quelques mots toutes les merveilleuses choses que j’ai vécues durant ces quelques mois à Audencia. Un élément m’a néanmoins profondément marquée : la visite du Grand T de Nantes. Pouvoir pénétrer dans l’arrière du décor d’un univers qui me fascine, celui du théâtre, a été pour moi une expérience des plus enrichissantes et dont je garde un souvenir ému. 

Ambre Genevois et Apolline Cade 

Le Chronographe, une flânerie sur les rives du temps

À propos des grandes villes bouleversées, Sénèque écrit dans ses Épîtres : « Les villes, elles sont destinées à périr, c’est le lot de tous »[1]. Ruines mais pas néant, c’est ce que les archéologues ont révélé de l’exceptionnelle cité antique de Ratiatum (aujourd’hui Rezé) exhumée dans les années 1950 à proximité de la Chapelle Saint-Lupien. Ville la plus au nord de l’ancien royaume des Pictons, elle est une ancienne place commerçante qui faisait face à Nantes, située aujourd’hui à plusieurs dizaines de mètres du Liger (nom latin de la Loire). Or, au fil du temps, le lit du fleuve s’est déplacé, condamnant de fait la cité à une lente décadence commerciale et civique.

Depuis 2005, les fouilles archéologiques assurées dans les années 1980 par l’INRAP (Institut National de Recherches Archéologiques Préventives) sont maintenues et organisées dans le cadre d’une collaboration entre Ophélie de Peretti, archéologue municipale et l’Université de Nantes. En 2017, un centre d’interprétation archéologique baptisé « Le Chronographe » a été construit sur le site. Ce bâtiment en bois de 800 m2 est composé de trois niveaux : un rez-de-jardin consacré aux expositions temporaires et aux ateliers pédagogiques, un rez-de-chaussée présentant l’exposition permanente ainsi qu’une terrasse et un belvédère.

Il faut noter qu’une exposition temporaire de très bonne facture est en ce moment présentée au-dit Chronographe. Réalisée à partir d’œuvres du FRAC (Fonds Régional d’Art Contemporain) Pays de la Loire, elle est consacrée à l’art contemporain autour du thème de l’archéologie.

Le Chronographe est à l’image de la Loire qui l’a autrefois longé, un fleuve à côté duquel le promeneur est amené à flâner, un fleuve que l’on peut descendre ou remonter selon qu’on veuille se plonger dans le passé, ou bien rêver un passé. L’enfouissement dans le sol est une ressource précieuse, rare, sorte de bouteille jetée dans la mer du temps mettant en exergue le rapport important entre le sol et la mémoire. Force est de se demander pourquoi la municipalité de Rezé n’a pas réservé le nom de « Cité radieuse » à sa prestigieuse ancêtre plutôt qu’à sa voisine, l’étron moulé du Corbusier.

Ratiatum, ville florissante et prospère sur les bords du Liger il y a quelques siècles – c’est-à-dire hier – par son exhumation, invite à réfléchir sur la mortalité de nos propres villes qui sont promises au même trépas. Alors que les forces de la nature nous feront ravaler notre morgue, le poète Lucrèce nous enjoint à être prudent et à se prémunir face à l’arrogance. Afin que nous ayons conscience de notre mesure, il nous signifie que tout est destiné à la ruine : « Fiat mundi confusa ruina »[2].

Irénée Dupont, 15 avril 2019

[1]Cf. Sénèque, Épîtres, XCI, 11-12.

[2]« Et le monde ne sera plus qu’une ruine confuse », De la nature des choses, v. 605.

La transformation urbaine de Bilbao

La semaine dernière, la majeure culture d’Audencia est partie à la rencontre de différents acteurs culturels de Bilbao lors d’un séminaire organisé par l’Université de Deusto.

Les visites auprès des institutions et les échanges que nous avons eu nous ont permis de mieux comprendre comment Bilbao a réussi sa tertiarisation, passant d’une économie industrielle au secteur des services. Comment s’est orchestrée la rénovation urbaine de Bilbao passant d’une ville industrie à une ville musée avec un centre économique fort ? Read more