Lorsque j’ai découvert mon Spotify Wrapped en décembre 2021, une question a tout de suite fait surface : la metropopo-quoi ? Mais qu’est-ce que la Metropopolis, ce nouveau genre dont personne n’avait entendu parler jusque-là ?
La Metropopolis : kézaco ?
Le nom Metropopolis a été découvert pour la première fois en 2014 sur Spotify grâce à des artistes tels que Charli XCX, Bleachers et St.Vincent. C’est un genre musical défini par l’entreprise comme « un cousin sophistiqué, indie et accrocheur de la pop dite mainstream.»
Mais alors qu’est-ce que cela veut dire exactement ?
Le mot Metropopolis est un mélange entre les mots « Metropolis » et « Pop ». Ce genre est à mi-chemin entre la pop et l’indie, mais est tout de même différent de l’indie-pop. La différence avec cette dernière est que la Metropopolis est une pop urbaine à destination des citadins. Le schéma habituel de la Metropopolis ? Des sonorités électroniques plus intenses et moins joyeuses que la pop traditionnelle et des sonorités moins acoustiques que celles de l’indie mais avec des textes et des voix qui s’en rapprochent.
Les incontournables de la Metropopolis
Parmi les artistes classés par Spotify dans la Metropopolis figurent Charli XCX, Ellie Goulding, Foxes, Say Lou Lou, BROODS, CHVRCHES, Tove Lo, Lorde, Christine and the Queens et bien d’autres encore. Les artistes qui composent la Metropopolis ne sont presque exclusivement que des artistes féminines.
Bien que j’aie découvert le terme de Metropopolis qu’en 2021, j’écoute toutes ces artistes depuis longtemps. D’où ma surprise de découvrir que celles-ci soient classées dans un genre musical dont je n’avais jamais entendu parler.
Charli XCX, reine du genre ?
A travers l’exemple de Charli XCX, faisons un parallèle entre la Metropopolis de 2014 et celle d’aujourd’hui.
Break the rules (2014)
Charli XCX est révélée en 2014 avec son single « Break the Rules ». C’est une pop star qui se revendique comme telle mais qui s’éloigne de la pop star sage et glamour. Elle est rebelle mais garde cette image de pop bubble gum. En effet, ce n’est pas en chantant « I don’t wanna go to school, I just want to break the rules” qu’elle va amorcer chez ses fans une réflexion profonde à contre-courant de la société, mais c’est un début. Charli est une Morticia Addams au milieu d’un univers à paillettes. Elle fait l’éloge de l’amour sur des airs indie-rock dans des tenues en cuir noir. Son premier album « Sucker », sorti en 2015, est entièrement composé de cette manière. La pochette de l’album reflète parfaitement son côté rebelle et grunge dans un monde coloré.
En bref, Charli XCX incarne parfaitement la Metropopolis.
Beg for you (2022)
Aujourd’hui, Charli XCX reste la reine de la Metropopolis. Son dernier album en date « Crash », sorti en janvier 2022, est un condensé de Metropopolis. C’est un album pop aux sonorités très électro. Dans le morceau « Beg For You » en collaboration avec Rina Sawayama, l’utilisation du sample de « Cry For You » de September, un titre phare de la pop et l’eurodance des années 2000 rend la version de Charli très pop. Cependant, cette version revisitée comporte une sonorité beaucoup plus alternative que la musique pop mainstream. Malgré un clip qui met en scène Charli et Rina dans des rituels à la limite du BDSM, on retrouve l’univers bubble gum dans les paroles de la chanson : « You know I need you to stay, Don’t make me beg for you ‘cause I’ll beg for you ». Huit ans après, Charli reste une grande romantique et continue de faire l’apologie de l’amour.
La Metropopolis est toujours présente dans la musique actuelle et ne s’est pas estompée depuis sa première apparition en 2014, ce qui montre que le genre s’est imposé dans l’industrie.
Le débat autour de la Metropopolis, légitime ?
La Metropopolis a beaucoup fait débat lors de son émergence en 2014 car peu comprise par les utilisateurs de Spotify. La définition du genre paraissant floue et faisant référence à un genre déjà existant : l’indie-pop.
Certains considèrent que le terme a été inventé par Spotify afin de satisfaire les personnes qui n’assument pas d’aimer la pop «mainstream». Il faut bien prendre en compte qu’en 2014, c’est l’âge d’or de la période hipster. Les « hipsters » des années 2010 sont ces jeunes actifs aisés au côté bobo et artistique, qui portent des chemises à carreaux, des lunettes rondes, une barbe et une moustache et qui se laissent pousser les cheveux. Ils ne boivent que de la bière bio sans gluten et écoutent de l’indie car ils ne se laissent pas duper par la société de consommation et capitaliste. Ce genre aurait donc été créé afin de satisfaire l’ego de ces hipsters à contre-courant du grand public qui n’écoutent pas Katy Perry mais écoutent Ellie Goulding ou Charli XCX avec plaisir.
L’arrivée de ce nouveau genre a donc été très critiquée par les utilisateurs de la plateforme de streaming qui considèrent que le terme de Metropopolis n’a pas lieu d’être puisqu’elle correspond de manière quasiment identique à l’indie-pop. De plus, l’émergence de ce nouveau terme apporte plus de confusion que de clarification réelle sur un genre musical à part entière.
A la découverte de la Metropopolis
Je pense que le terme de Metropopolis est légitime car le type de musique qu’il décrit est effectivement un sous-genre de la pop qui a sa propre spécificité. Cependant, sa définition pourrait être plus précise car cette dernière est effectivement assez floue et dure à décrypter. Je pense également que la Metropopolis, bien au contraire d’être la musique pop pour les marginaux, est la nouvelle pop mainstream, cette dernière évoluant au fil des décennies et les pop stars se renouvelant. Les « hipsters » devront trouver un nouveau genre musical niche à écouter.
Audrey Burnage