Une première dans l’histoire de la cérémonie
Dimanche 9 février, la grande messe hollywoodienne a récompensé le meilleur du cinéma de l’année et on retient le sacre du film du sud-coréen Bong Joon Ho, Parasite qui est reparti avec 4 statuettes. C’est la première fois qu’un film en langue étrangère remporte l’Oscar du « meilleur film ». Et ce n’est pas tout, quatuor gagnant pour ce chef d’œuvre qui gagne également le prix du « meilleur réalisateur », « meilleur scénario original » et « meilleur film international ».
Vent de fraicheur dans cette cérémonie qui a tendance à aduler le cinéma américain, quoique d’une qualité et d’une diversité évidente, mais qui regroupe trop souvent le reste du septième art dans la catégorie « film international ». Elle s’aligne ainsi sur le choix du jury du Festival de Cannes, qui a servi de rampe de lancement au film en lui décernant la Palme d’Or en mai 2019.
Il faut dire que ces récompenses sont bien méritées pour ce film qui raconte l’histoire d’une famille de chômeurs qui accumule des petits boulots pour sortir de leur misère. Pauvres donc, mais ingénieux et opportunistes lorsqu’il s’agit de mettre en place une arnaque pour rentrer dans les faveurs d’une famille de riches coréens. Parasite c’est l’histoire de la lutte des classes et d’un renversement de l’ordre établi par une société capitaliste qui laisse des victimes derrière elle. Un film complètement farfelu teinté d’humour noir, qui fait rire et pleurer à la fois. Chaque plan est réfléchi par son réalisateur qui s’est formé aux polars et aux films d’auteur, les dialogues sont tranchants et le résultat fait preuve d’une grande subtilité.
Avec plus de 1,7 millions d’entrées en France, Parasite devient la Palme d’Or la plus visionnée depuis quinze ans, juste derrière le documentaire de Michael Moore Farenheit 9/11. Il ressortira dans les salles françaises le 19 février dans une nouvelle version en noir et blanc supervisée par le réalisateur. Je conseille néanmoins aux abonnés Canal+ d’attendre sa diffusion à la fin du mois pour (re)visionner ce chef d’œuvre dans sa version originale.
Une cérémonie de qualité
Le reste de la cérémonie s’est déroulé sans grande surprise. Dans la lignée des Golden Globes, on retrouve Joaquin Phoenix sacré « meilleur acteur » pour son rôle dans Joker, Renée Zellweger « meilleure actrice » pour Judy et Brad Pitt « meilleur second-rôle » pour Once Upon a Time… in Hollywood.
Sur le banc de touche, le géant américain Netflix est quant à lui reparti avec seulement 2 prix contre 24 nominations. La seule reconnaissance de The Irishman sera une standing ovation du Dolby Theatre pour Martin Scorcese suite à un hommage rendu par Bong Joon Ho lors d’un de ses discours. Les français repartent sans récompense malgré la nomination des Misérables dans la catégorie « meilleur film international », dont le réalisateur Ladj Ly a été la véritable révélation de l’année pour le cinéma hexagonal. Rien non plus pour J’ai perdu mon corps de Jérémy Clapin qui perd dans la catégorie « meilleur film d’animation » face à Toy Story 4. Disney tient alors sa revanche sur la cérémonie 2019 et remporte le bras de fer contre Netflix avec 4 prix pour 23 nominations. Duel qui reflète la guerre que se livre les studios américains – quand on sait qu’une campagne pour un Oscar se chiffre à plusieurs millions de dollars…
Les quelque prix attribués au superbe film de Sam Mendes 1917, dont « meilleure photographie » et « meilleurs effets spéciaux » déçoivent les fans du blockbuster qui le voyaient grand favori de la cérémonie. On applaudit néanmoins la prouesse technique et on lui attribue volontiers le prix du « meilleur plan séquence ».
En grande passionnée de musique, je me dois aussi de saluer la performance de Billie Eilish (la Bong Joon Ho des Grammy Awards 2020) qui livre une sublime interprétation de Yesterday des Beatles lors du Memoriam. Elle a largement volé la vedette à la chanteuse américaine Janelle Monae chargée de l’ouverture de la cérémonie, qui a laissé planer le doute entre play-back complètement raté ou référence que je n’ai personnellement toujours pas saisie…
Les Oscars s’achèvent enfin après plus de 3h30 de cérémonie. On est globalement satisfait des prix attribués, conforté dans l’idée que l’Academy of Motion Picture Arts and Sciences nous a cette année encore, proposé une sélection de qualité qui reflète en partie le meilleur du cinéma de l’année. Pour ne pas rester sur sa fin, la cérémonie des Césars aura lieu le vendredi 28 février 2020.
Par Tessa Godel
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Palmarès complet des Oscars 2020
Film : Parasite de Bong Joon Ho |
Réalisateur : Bong Joon Ho (Parasite) |
Acteur : Joaquin Phoenix (Joker) |
Actrice : Renée Zellweger (Judy) |
Second rôle féminin : Laura Dern (Marriage Story) |
Second rôle masculin : Brad Pitt (Once Upon a Time… in Hollywood) |
Scénario original : Parasite de Bong Joon Ho |
Scénario (adaptation) : Jojo Rabbit de Taika Waititi |
Photographie : 1917 de Sam Mendes |
Musique originale : Joker de Todd Phillips |
Chanson originale : « (I’m Gonna) Love Me Again (Rocketman) » d’Elton John et Taron Egerton |
Film international : Parasite de Bong Joon Ho |
Film d’animation : Toy Story 4 de Josh Cooley |
Documentaire : American Factory de Julia Reichert et Steven Bognar |
Maquillage et coiffure : Scandale (Bombshell) de Jay Roach |
Costumes : Les Filles du docteur March de Greta Gerwig |
Montage son : Le Mans 66 de James Mangold |
Mixage son : 1917 de Sam Mendes |
Décors : Once Upon a Time… in Hollywood de Quentin Tarantino |
Effets spéciaux : 1917 de Sam Mendes |
Montage : Le Mans 66 de James Mangold |
Court-métrage : The Neighbor’s Window de Marshall Curry |
Court-métrage d’animation : Hair Love de Matthew A. Cherry et Bruce W. Smith |
Court-métrage documentaire : Learning to Skateboard in a Warzone (If You’re a Girl) de Carol Dysinger |