Hayao Miyazaki, à notre plus grand bonheur, sort de la retraite pour nous présenter un nouveau film. Sera-t-il aussi coloré et magique que ses autres créations ? Probablement. Sera-t-il porteur d’une critique personnelle envers le Japon d’aujourd’hui ? Cela est tout aussi probable. Le grand maître des studio Ghibli a l’habitude de défendre certaines de ses prises de position à travers ses films d’animation devenu aujourd’hui emblématiques.
Une critique du sexisme au Japon
Vaillantes et charismatiques comme Nausicaä ou la princesse Mononoké, timide mais déterminée comme Chihiro, ou encore naïve et entêtée comme Ponyo, les héroïnes de Miyazaki nous ont tous fait rêver et propulser dans des univers merveilleux. Leurs adversaires sont souvent des femmes tout aussi fortes, des sorcières ou des guerrières sans pitié qui nous hypnotisent. De fait, Miyazaki ne valorise pas les figures féminines sans raison, il est conscient des enjeux autour de la femme au Japon et des stéréotypes qui lui sont imposés :
“Beaucoup de mes films comprennent des personnages principaux féminins, forts et braves, des fillesindépendantes qui n’hésitent pas à se battre pour ce en quoi elles croient de tout leur cœur. Elles auront besoin d’un ami, d’un allié, mais jamais d’un sauveur. Femmes et hommes sont autant capables l’un que l’autre d’être héroïques.”
Le Pacifisme de Miyazaki
Shinzo Abe a marqué le paysage politique japonais au poste de premier ministre et c’est contre ses politiques que Hayao Miyazaki prend clairement position aussi bien dans la presse qu’à travers ses films. Shinzo Abe ne cachait pas sa volonté de restaurer la puissance militaire japonaise, perdue de depuis la fin de la Second Guerre Mondiale, ce à quoi le réalisateur est fermement opposé :
“Pas question d’amender la constitution, je suis contre la réforme de la constitution, il y a un manque flagrant de compréhension et de connaissance de l’histoire des membres du gouvernement”
Cette critique du militarisme est évidente dans toutes ses créations : la guerre y est toujours présente et face à elle se dresse à chaque fois un personnage profondément pacifique. C’est à travers des films comme Le Vent Se Lève, l’histoire d’un jeune ingénieur en aviation lors de la Grande Guerre, qu’il expose ses craintes et tente de raviver les mémoires.
Les guerres incessantes qu’il rappelle dans ses films ne sont pas seulement des querelles entre les peuples. Souvent la nature elle-même prend les armes et tente de se défendre face à la cupidité et les dégâts des êtres humains. La violence est destructrice, que ce soit pour les humains ou l’environnement et si la nature est d’une telle brutalité, ce n’est qu’une réaction de détresse face aux attaques répétées des hommes.
A travers un imaginaire fantasque et chimérique, Hayao Miyazaki nous dépeint un univers qui est plus proche du notre que ce que nous voulions bien croire. La fiction se mêle à la réalité et créée le secret du succès pour cet artiste qui a marqué le Japon à jamais/indélébilement.