En janvier 1876, un homme arrive à St-Gilles-sur-Vie en Vendée après 17 ans d’absence. Cet homme, c’est Narcisse Pelletier, et tout le monde le pensait mort.
Une histoire méconnue
C’est à l’âge de 12 ans que Narcisse Pelletier s’engage en tant que mousse sur les navires commerciaux. Deux ans plus tard, il embarque sur le St Paul à Marseille, un trois-mâts transportant du vin vers les Indes. En direction de l’Australie, le navire s’échoue contre un récif de corail non loin du cap Flattery. Narcisse Pelletier sera abandonné par les survivants alors qu’il était blessé à la tête. Il va alors errer plusieurs jours avant d’être recueilli et adopté par les Ohantaalas, une tribu aborigène de pêcheurs. Il va vivre 17 ans au sein de cette tribu, 17 ans durant lesquels il va adopter tous les us et coutumes et participer aux rites d’initiation, preuve en sont les scarifications et les labrets sur ses oreilles.
En 1875, un navire anglais longe la côte et aperçoit cet homme blanc au loin parmi les aborigènes. Il sera récupéré de force, Narcisse Pelletier tentera de s’échapper en vain. Il sera d’abord amené à Sydney où son histoire fait grand bruit. On le surnomme alors « le sauvage blanc » et on lui proposera même de faire du cirque, proposition qu’il refusera. C’est en 1876 qu’il rentrera finalement chez lui en Vendée. À cette occasion, une fête est organisée pour son retour et un grand feu est dressé en son honneur. Narcisse Pelletier entamera alors une danse aborigène sous les yeux ébahis des habitants de St-Gilles-sur-vie. Une méfiance s’installe alors vis-à-vis du « sauvage blanc » qui vivra une vie solitaire en tant que gardien de phare de l’Aiguillon à St Lazaire. Il épousera Louise Mabileau en 1880.
Une exposition à son hommage au Musée d’histoire naturelle à Nantes
Thomas Duranteau, auteur-illustrateur fasciné par l’histoire de Narcisse Pelletier, va lui dédier un livre et une exposition.
« Nous avons tous des figures qui nous marquent dès l’enfance et que l’on porte en soi comme une part intime de notre histoire, comme un héritage précieux alors même que nous n’avons pas de liens directs avec elles ».
nous explique Thomas Duranteau.
À l’aide de photos d’anthropologues, de lettres écrites par Narcisse Pelletier, de récits, de dessins et de peintures réalisées par ses soins, Thomas Duranteau nous raconte la formidable épopée que fut celle de Narcisse Pelletier. De son travail va naître un ouvrage : Narcisse Pelletier, la vraie histoire du sauvage blanc, aux éditions Elytis et une exposition : « Narcisse Pelletier, un mousse vendéen perdu en terres océaniennes ».
Cette exposition retrace la vie du jeune mousse au milieu du 19ème siècle, grâce aux peintures et dessins réalisés par Thomas Duranteau, auxquels sont rajoutés de nombreux documents historiques et des objets maritimes du 19ème siècle. « Narcisse Pelletier, un mousse vendéen perdu en terres océaniennes » est visible jusqu’au 25 mai au musée d’histoire naturelle de Nantes.
Cette exposition passionnante permet de soulever des problématiques actuelles de rapports et de hiérarchisation de culture. Elle nous permet également de découvrir une histoire hors-du-commun et d’en savoir plus sur les aborigènes d’Australie dont nous avons peu de témoignage.
Pour en savoir plus
Lien pour BD sur vie de Narcisse Pelletier ; Suivez ce lien pour livre de Duranteau ; Lien pour le détail de l’exposition et la réservation
Lien pour le livre « Chez les sauvages, dix-sept ans de la vie d’un mousse vendéen dans une tribu cannibale, 1858-1875 »
Par Claire Gary
Pour l’autre article de la semaine, c’est ici !