S’évader en musique avec des documentaires !

Pour rendre le confinement plus doux, rien de mieux que de s’envelopper dans un cocon musical. Pour aller au-delà des morceaux, de nombreux documentaires nous permettent de découvrir plus en profondeur l’univers et la vie de nos artistes préférés. De Bob Dylan à Oasis en passant par Miles Davis… je vous fais découvrir mes documentaires préférés pour voyager en musique depuis votre salon.

Le genre du documentaire musical décrypté

Depuis quelques années, les biopics musicaux ont de plus en plus de succès sur grand écran (on pense notamment à Bohemian Rhapsody en 2018). Mais ce qui est souvent reproché à ces films, ce sont les libertés prisent dans la narration et le scénario. Dans un documentaire, au contraire, on a l’impression de toucher la vérité du doigt et de rentrer dans l’intimité d’un artiste à partir de nombreuses images d’archives et de témoignages réels.

Bien entendu, la plupart de ces documentaires, pour se donner les moyens de leurs ambitions, sont réalisés en partenariat avec les maisons de disque ou encore les familles des artistes. On pourrait alors remettre en question l’objectivité des faits tels qu’ils sont présentés. Cependant, dans la majorité des cas, la vérité ne nous est pas épargnée et les destins tragiques ou incidents de parcours des artistes sont relatés avec honnêteté.

Il y a dans la construction d’un artiste une part de mystère que les documentaires musicaux tentent d’expliquer et même de sublimer : comment passe-t-on du statut d’individu au statut de légende ? Le documentaire utilise le pouvoir romanesque de la vie d’un artiste pour impressionner et fait rêver. On voit éclore et évoluer sous nos yeux toute une carrière, en accéléré et tout se passe comme si leurs destins étaient écrits.

Si le format peut parfois sembler redondant ou le propos trop élogieux, la grande force des documentaires réside avant tout dans les images : les archives sont sublimées et mises en avant pour notre plus grand bonheur. Qu’il s’agisse de performances scéniques, ou d’instants volés du quotidien, on a l’impression d’être aux côtés des artistes, de les saisir. Les archives enrichissent également un contexte historique qui met les trajectoires individuelles en perspective et nous fait voyager dans le temps.  

Il ne fait aucun doute que la majorité de ces œuvres sont en réalité des déclarations d’amour d’un passionné à un artiste, à un univers musical ou à une époque. Avec beaucoup de nostalgie, les réalisateurs nous invitent à nous immerger un peu plus dans le monde de nos idoles, quand l’écoute de leurs disques ne suffit plus.

Quelques suggestions de documentaires musicaux

No Direction Home (2005) & The Rolling Thunder Review (2019) – Martin Scorsese

Impossible de ne pas mentionner ces deux superbes documentaires réalisés par Martin Scorsese sur la carrière de Bob Dylan.

Le premier, No Direction Home, sorti en 2005 relate l’ascension du phénomène Dylan de ses débuts folk à son passage à l’électrique en 1965. Ce documentaire très complet offre une vision d’ensemble sur tout une époque d’un point de vue historique et culturel avec des images d’archives minutieusement sélectionnées. On voit progressivement Robert Zimmermann se transformer en Bob Dylan : la légende est lancée.

Cependant, le second volet Rolling Thunder Review : A Bob Dylan Story, sorti l’été dernier, adopte un ton très différent : il s’agit d’un faux documentaire, où se mêlent mythes et vérités sur la tournée éponyme de 1975. Bob Dylan est connu pour avoir souvent romancé sa vie et ce film, à l’image de son sujet, n’est à prendre qu’à moitié au sérieux. Il offre tout de même des prestations inédites de Dylan et des images d’archives très rares et passionnantes.

The Rolling Thunder Review est disponible sur Netflix.

Miles Davis : Birth of the Cool (2019) – Stanley Nelson Jr

Très classique dans sa construction, ce documentaire revient sur la vie de l’une des plus grandes figures du jazz : Miles Davis. L’utilisation de la musique accompagne parfaitement les archives et témoignages pour nous transporter dans son univers. Stanley Nelson Jr met l’accent sur l’évolution artistique et les influences de cet artiste hors normes, sans éluder ses démons et nous donne envie de (re)découvrir son œuvre.

Disponible sur Netflix.

Searching for Sugarman (2012)Malik Bendjelloul

Vous n’avez peut-être jamais entendu parler de Sixto Rodriguez, pourtant il aurait pu devenir aussi grand que Bob Dylan dans les années 1970.  Dans ce documentaire, réalisé avec peu de moyens, nous partons sur les traces de Rodriguez, artiste originaire de Detroit, dont les deux seuls albums enregistrés sont devenus culte en Afrique du Sud par un concours de circonstances. C’est l’histoire invraisemblable d’un homme devenu une icône à l’autre bout de la planète sans même le savoir.

Disponible sur Youtube ici !

Joan Baez : How Sweet the Sound (2009) – Mary Wharton

Réalisé en 2009, ce documentaire revient sur la carrière de l’immense Joan Baez : chanteuse folk, pacifiste et activiste. Appuyé de témoignages prestigieux, comme celui de Bob Dylan dont elle fait décoller la carrière, le film retrace son parcours de ses débuts à ses actions militantes pour les droits civiques ou contre la guerre du Vietnam, jusqu’à aujourd’hui où elle continue de sa voix inoubliable à porter les grands hymnes folks sur scène. Le courage et l’engagement de cette grande artiste ne vous laisseront pas indifférent.

Disponible sur Arte jusqu’au 16 mai ici !

Oasis : Supersonic (2016) – Mat Whitecross

L’histoire tumultueuse des deux frères Gallagher originaire de Manchester est racontée sans artifices dans ce documentaire passionnant. Le phénomène Oasis y est décrypté par Mat Whitecross et illustré par de nombreuses archives de concerts qui nous font revivre les années 1990. Pour les plus connaisseurs, le film permet de mieux appréhender la rivalité entre Noël et Liam à travers l’histoire du groupe, sans langue de bois.

Pour aller plus loin…

Amateurs ou professionnels, il existe énormément de documentaires musicaux sur internet et on peut parfois trouver des trésors ! Pour en découvrir, je vous conseille de faire un tour sur :

  • YouTube : on y trouve beaucoup de documentaires amateurs ou des extraits de grands documentaires, de quoi faire de vraies trouvailles.
  • Arte : des documentaires sont très régulièrement mis en ligne pour des durées limitées. En ce moment, retrouvez les parcours de Françoise Hardy, Léonard Cohen, Joan Baez ou encore Blondie sur leur plateforme !
  • Les plateformes de streaming payantes comme Netflix ou Amazon Prime qui en proposent une grande variété, sur tous les styles musicaux.

En bref, ces documentaires sont un moyen très ludique de se cultiver en musique et ce, toute l’année !

Par Elsa Bonomi.

#Restezchezvous

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Diffusion des captations de spectacle vivant : initiatives éphémères ou nouveaux usages ?

De nombreuses institutions culturelles font depuis quelques semaines des propositions pour accéder à la culture en ligne. Il est désormais possible de les retrouver sur le site du ministère de la Culture, #culturecheznous, dont la rubrique « Concerts, spectacles » recense les initiatives de près de 70 structures dont le point commun est souvent la mise en ligne de captations de spectacles.

Opéra, concert, théâtre, danse, humour, tous les amateurs de spectacle vivant peuvent trouver une œuvre à leur goût. La Comédie-Française a par exemple créé la Comédie continue ! qui diffuse tous les jours au moins l’une de ses pièces, au milieu d’interviews de professionnels du théâtre et d’autres créations originales. Les pièces du Français sont aussi diffusées une fois par semaine sur France 5. 

La diffusion massive de captations en cette période est l’occasion de se poser des questions sur notre rapport au spectacle vivant lorsqu’il est médiatisé par le numérique. 

Le visionnage de captations de spectacle, une pratique répandue ?

Le visionnage de captations de spectacle est une pratique peu répandue si on la compare aux captations d’autres événements comme les événements sportifs, qui attirent beaucoup plus de téléspectateurs. Les premières retransmissions sportives ont même déjà un siècle d’histoire ! Si la diffusion radiophonique des pièces de théâtre existe depuis la fin du XIXe siècle, les captations, mêmes à des fins d’archivage, sont encore loin d’être systématiques dans le milieu. Les frais élevés de production sont un facteur explicatif du faible développement de la captation pour un secteur qui, s’il est en pleine croissance, ne rentre pas toujours dans ses frais.

En outre, les captations touchent surtout un public d’initiés. Ainsi, la plateforme de SVOD Opsis Tv, créée en 2017 et dédiée à la diffusion de spectacle vivant, expliquait fin 2019, selon Satellifax, avoir pour objectif d’atteindre 10 000 à 15 000 abonnés d’ici trois ans et propose différents abonnements selon que l’on est professionnel du spectacle ou de l’éducation, ou bien simple amateur. 

Pourtant, l’ambition du spectacle vivant de créer une communauté populaire et d’être diffusé à des publics variés a très souvent été énoncée et se retrouve aujourd’hui dans les métiers des relations aux publics. La diffusion numérique pourrait être un moyen de parvenir à toucher un public plus large, comme l’explique Opsis Tv, car elle concentre une offre théâtrale diversifiée, dépourvue de critère géographique et propose des tarifs avantageux.

Pourquoi alors attendre d’être confinés pour regarder des spectacles en ligne ? Quelque chose de particulier au spectacle vivant, résisterait-il à la captation ? L’absence de lien entre des spectateurs qui ne sont plus réunis dans un même lieu serait-il un problème ? Bien des communautés virtuelles existent, alors pourquoi pas pour le spectacle ? Le rapport physique manquant est-il plutôt un rapport direct à l’œuvre ? Le rapport au corps est souvent présenté comme essentiel à la scène, lieu impudique par excellence si l’on en croit nos ancêtres. La captation et le regard du réalisateur instaurent un rapport au corps bien différent : il est désormais possible de voir de près, comme au cinéma, le visage, les larmes d’un comédien. Dans ce cas, un rapport au corps, certes différent, existe bel est bien, même au travers d’une caméra. Un rapport plus intime se crée par le visionnage d’un spectacle au format numérique. Pourtant, la diction théâtrale, le jeu destiné à être compris de loin, peuvent être surprenants à l’écran, et distinguent bien le genre du chuchotement cinématographique. 

Différents types de captations pour différents modes de réception ?

Une captation se fait en général entre trois parties prenantes. Premièrement, l’équipe artistique crée un spectacle. Le lieu qui l’accueille aura aussi une influence sur le rendu de la captation. Enfin, le réalisateur offrira son point de vue sur le spectacle en choisissant quoi filmer, selon quel angle, etc. Celui-ci peut avoir plusieurs postures qui seront bien différentes dans le cas d’une captation d’archive ou d’une captation qui a pour vocation d’être largement diffusée. 

Les captations d’archive sont souvent en plan large, sont moins coûteuses à réaliser et ne sont pas destinées à être visionnées par le public. Elles servent avant tout à garder une trace des spectacles passés et font l’objet d’une conservation au sens muséal du terme : on peut ainsi les retrouver chez des organismes spécialisés comme l’INA. Ces captations sont avant tout un outil à destination de professionnels comme des chercheurs, des étudiants ou encore des comédiens et metteurs en scène qui souhaitent reprendre un spectacle. En dehors de ce cadre professionnel, des questions de droits d’auteurs se posent car leur diffusion n’est pas l’objet de leur réalisation. Ce pourrait être un frein à la pérennisation de l’initiative des institutions qui les diffusent actuellement, malgré le risque de piratage. 

Les captations destinées à une large diffusion sont très différentes. Le regard du réalisateur est une vraie proposition créative qui résulte de ses choix et de son dialogue avec l’équipe artistique, pour en garder l’esprit d’origine. On peut alors considérer que la captation est une œuvre à part entière, dont les modes de réception sont tout autres que ceux d’un spectacle où le public est présent. Cette recréation évite peut-être de figer ce qui devait être un événement, une matière vivante, alors recevable par un public. Ainsi, Pathé Live, qui enregistre et diffuse des spectacles au cinéma, propose des dossiers d’accompagnement de ses captations qui évoquent non seulement le spectacle d’origine, mais aussi le point de vue adopté par la caméra.

Si la captation par un créateur est une œuvre à part entière, destinée à un mode de réception spécifique, peut-on imaginer qu’elle s’adresse à de nouveaux publics ? Pour le moment, il semble que les adeptes du visionnage de captations sont des publics déjà conquis par le spectacle vivant. Dans le cas de La Comédie continue !, la lecture des commentaires de la page Facebook de la Comédie-Française nous apprend que les habitués du spectacle en profitent parfois pour revoir une œuvre à laquelle ils ont assisté. Comme l’indique l’enquête menée par Harris interactive pour le PRODISS : « Plus de 2/3 des Français indiquent avoir déjà visionné un spectacle sur écran (68%). […] Cette pratique semble davantage répandue parmi les jeunes de 15 à 24 ans (81%), les membres des catégories supérieures (76%) et ceux qui déclarent aller voir un spectacle vivant au moins une fois par mois (83%). Signe que la fréquentation dans les salles et le visionnage sont sans doute davantage complémentaires qu’opposés. » 

L’arrivée massive de contenus en libre accès, notamment sur les réseaux sociaux, semble développer de nouveaux usages qui ne devraient pas freiner le retour aux salles de spectacle. Mais quel avenir ont ces nouveaux usages ? Selon le rapport du SYNDEAC, Le spectacle vivant à l’ère du numérique : Mutations et perspectives, la fréquentation des salles de spectacle a été augmentée par la création de Cuture Box, plateforme web de diffusion de contenus culturels du groupe France Télévision. Tout espoir est alors permis pour les institutions du spectacle vivant d’attirer de nouveaux publics grâce à leurs initiatives numériques actuelles. 

Sources :

Par Fanny Dumontet

Pour découvrir un autre article consacré au spectacle vivant, par ici ! Et pour consulter l’autre publication de la semaine, cliquez.

Les conséquences du Covid-19 sur le marché de l’art

Les étudiants en management culturel ont été sensibilisés aux conséquences du Covid-19 sur le marché de l’art à l’occasion d’un séminaire d’une semaine au Sotheby’s Institute of Art, où ils ont suivi des cours donnés par des experts du marché de l’art. Une expérience enrichissante et instructive. 

À la veille de l’épidémie du Covid-19, le marché de l’art se trouvait impacté par certains facteurs exogènes comme le Brexit en Angleterre et la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine. Plus de 80% des transactions effectuées sur le du marché de l’art se faisant dans ces trois pays, la répercussion sur les ventes a été sensible, chutant de 5% pour arriver à un total en valeur de 67,4 milliards de dollars. 

Depuis que la crise sanitaire s’est ajoutée à ce contexte, la situation est dramatique pour les galeries, foires et maisons d’enchères, qui essaient tant bien que mal de faire face ; notamment à travers la digitalisation de leurs activités. 

Les galeries en (première) ligne

Les galeries de petite et moyenne taille sont particulièrement en danger. En effet, la majorité des investissements dans les foires ont été réduits à néant et les ventes ont fortement diminué, ce qui a asséché leur trésorerie. Ainsi, en France, on estime une perte liée aux ventes de 184 millions d’euros en juin. Inévitablement, cela pourrait donner lieu à de nombreuses faillites : 1/3 des galeries pourraient être amenées à fermer définitivement.

Le choc est moins rude pour les grandes galeries qui, pour certaines d’entre elles, ont pris depuis un certain temps déjà le virage du numérique. Elles ont su limiter les dégâts, voire même tourner la situation actuelle à leur avantage. Par exemple, le galeriste David Zwirner, ayant développé une viewing room depuis 2017, a augmenté ses ventes en ligne de 400% depuis le début de l’épidémie. Il semblerait en effet que cette situation particulière soit une opportunité pour les galeries de rejoindre la tendance économique globale consistant à se digitaliser. 

L’annulation et le report des foires

Les foires, représentant 30% à 80% du revenu des galeries, souffrent beaucoup de cette situation. En effet elles font face au dilemme annulation ou report – l’annulation étant la solution la plus simple mais la plus douloureuse et le report impliquant le déploiement de beaucoup d’énergie alors que subsistent de nombreuses incertitudes. Dans cette pagaille, certaines foires parviennent à garder la tête hors de l’eau : le leader Art Basel avait décidé de maintenir numériquement sa manifestation à Hong Kong en mars. Les résultats se sont avérés positifs, avec 250 000 visiteurs (contre 88 000 en 2019) et de nombreuses ventes. Cette expérience a été assez concluante pour être envisagée comme une proposition long-terme, payante et à la pointe de la technologie (avec la réalité augmentée ou virtuelle). Cependant, seules Art Basel et Frieze ont pris ce tournant. La pandémie risque en effet de faire un grand tri dans les foires, qui se sont multipliées ces dernières années : 60 existaient en 2000, pour près de 300 en 2019.

Les ventes aux enchères exclusivement en ligne

Les maisons d’enchères connaissent quant à elles une baisse des ventes de 38% comparé à la même période en 2019. Cependant, le choc a été amorti grâce au fait que les ventes aux enchères se déroulant en partie ou exclusivement en ligne existent déjà depuis quelques années. Les résultats nous montrent d’ailleurs que les enchérisseurs font confiance aux ventes en ligne, qui ont augmenté de 25% depuis le début de l’épidémie. Par exemple, chez Sotheby’s, la vente Design le 31 mars a totalisé 2 millions d’euros enchéris. Le même jour, a eu lieu la vente d’un tableau d’Irma Stern pour près de 500 000 euros. L’épidémie a offert l’opportunité aux maisons d’enchères d’attirer une nouvelle cible de clients sur leurs ventes en lignes. Chez Christie’s, 41% de leurs nouveaux clients ont été ferrés en ligne. 

Ainsi, les 22 millions d’euros débloqués par le Ministère de la Culture (dont 2 millions seront redistribués aux arts plastiques) semblent symboliques face à tous les enjeux rencontrés par ces différents acteurs. Ceux-ci ont peu d’autres choix que la digitalisation pour tenter de rester dans la course. Cette crise est pour eux l’opportunité d’offrir davantage d’accessibilité et de transparence (notamment concernant les prix des œuvres), ce qui permettrait d’attirer une communauté plus large. La bonne nouvelle est que les petites et moyennes galeries devraient rouvrir le 11 mai, nous permettant de retrouver les émotions procurées par la contemplation des œuvres in situ

Sources : 

Par Adélaïde Duflos

Pour en savoir plus sur le séminaire suivi par les étudiants au Sotheby’s Institute of Arts, cliquez !

Séminaire à Sotheby’s Institute : loin des yeux près de l’art

Cette année, en raison des circonstances sanitaires, les traditionnels séminaires à l’étranger des étudiants de la majeure culture ont été annulés. Cependant, le Sotheby’s Institute of London a accepté de dispenser un séminaire en ligne à l’ensemble des étudiants de la majeure. L’occasion de vivre une expérience riche en découvertes !

Sotheby’s c’est la maison de vente aux enchères britannique ! Elle apparaît en 1744 et se spécialise à ses débuts dans la vente de bibliothèques patrimoniales. Au fur et à mesure des années la société gagne en prestige, s’exporte, s’agrandit… Sotheby’s devient alors une multinationale et possède aujourd’hui des salles de vente dans de nombreuses grandes villes (dont Paris, New-York et Hong Kong). Cette maison est notamment à l’origine de la vente du fameux tableau Girl with balloon de Banksy, qui s’est auto-détruit, pour plus d’un million de dollars ou encore d’une toile de Jean-Michel Basquiat pour plus de 110 millions de dollars. Forte de son expertise en art et en business, la maison mère Sotheby’s créé le Sotheby’s Institute en 1969 : une école qui permet de se spécialiser dans le commerce et le management de l’Art. 

Le séminaire était encadré par Marina Maximova et Frances Varley, qui, en dépit de la distance, nous ont réservé un accueil des plus chaleureux. Elles nous ont bien sûr expliqué les enjeux des cours de la semaine et se sont rendues très disponibles pour répondre à nos interrogations au fil des différentes interventions.

Du droit dans l’art en passant par le marché de l’art ou encore les ventes aux enchères, nous avons pu étayer nos connaissances grâce à des intervenants hautement spécialisés. Quels sont les rouages du marché de l’art ? Quel avenir pour ce secteur ? Quelle(s) opportunité(s) saisir ? Autant de questions qui ont été abordées et où les intervenants nous ont apporté des réponses et des pistes de réflexion.  Au-delà des connaissances purement techniques, nous avons également reçu de précieux conseils de savoir-être – notamment sur l’attitude à adopter ou encore les principes et valeurs qui régissent le domaine artistique et culturel.  

Nous avons également pu réaliser des visites virtuelles du British Museum et de la West End Gallery en bénéficiant d’analyses pointues concernant des oeuvres qui constituent le patrimoine artistique britannique. 

Trois faits remarquables sur l’art : 

1 – En 2019 le total des ventes sur le marché de l’art représentait 64,1 milliards en dollars.

2- Le Portrait de Jacob de Gheyn III peint par Rembrandt en 1632 est le tableau le plus volé au monde en raison de sa petite taille (25×30). Il a été volé pas moins de trois fois depuis 1966.

3 – La plus ancienne maison de ventes aux enchères est née à Vienne en 1707. Il s’agit de la Dorotheum, familièrement appelée “Tante Dorothée”.

Par Charline Vandewaeter

Pour découvrir l’autre publication inspirée par le séminaire à Sotheby’s Institute of Art, cliquez !

Les festivals encaissent le coup !

Nouveau record d’audience pour Emmanuel Macron ce lundi 13 avril, à 20h02 ! 36 millions de Français attendaient avec impatience les nouvelles directives concernant la lutte contre le Coronavirus. Le verdict est tombé : le confinement sera prolongé jusqu’au 11 mai minimum. Plus que trois semaines à tenir, le plus dur est dernière nous !

Cependant, « fin du confinement » ne signifie pas « retour à la normale ». Un déconfinement progressif sera mis en place, qui exclut la réouverture des bars, restaurants, salles de cinéma et de spectacles entre autres. Si vous comptiez célébrer la fin du confinement dans votre restaurant préféré, vous pouvez oublier.

Et ce n’est pas tout ! Emmanuel Macron a également annoncé que les grands festivals et événements avec un public nombreux ne pourront pas se tenir “au moins jusqu’à mi-juillet”. Coup dur pour les secteurs culturel et événementiel ! Depuis cette annonce, les organisateurs de festivals doivent donc s’adapter. Les annulations se succèdent, et les interrogations émergent : comment éviter le désastre financier ? Comment vont survivre les plus précaires du milieu du spectacle ? 

Rideau sur le festival d’Avignon

Alors que les théâtres ont déjà fermé boutique il y a un mois lors de l’annonce de la fermeture de « tous les lieux publics non essentiels » pour éviter la propagation du virus, la dernière allocution présidentielle a été comme une nouvelle secousse dans le monde du théâtre. Le festival d’Avignon, la plus célèbre manifestation théâtrale au monde, prévu du 3 au 23 juillet, n’aura hélas pas lieu cet été. « Nous avons partagé l’espoir aussi longtemps que cela était permis, mais la situation impose un autre scénario. Notre devoir est désormais de préserver et d’inventer l’avenir du Festival d’Avignon« , expliquent les organisateurs du festival dans leur communiqué.

Rendez-vous en 2021 pour les amoureux du théâtre et les curieux !

Célébrer le cinéma sous d’autres formes ?

Les organisateurs du festival de Cannes s’étaient montrés optimistes jusqu’à la dernière minute. Initialement prévu en mai, ils avaient bon espoir de voir l’édition 2020 se dérouler fin juin voire début juillet sur la Croisette. Mais à l’instar du festival d’Avignon, l’annonce présidentielle a sonné le glas pour la 73ème édition du festival de Cannes.

Néanmoins, les organisateurs ne renoncent pas à célébrer le cinéma. Ils envisagent en effet toutes « les éventualités » pour faire exister les films de l’édition 2020 « d’une manière ou d’une autre« .

L’édition 2020 pourrait-elle se transformer en une édition numérique ? Thierry Frémaux, délégué général du festival, avait d’abord réfuté cette hypothèse la semaine dernière : « Pour Cannes, son âme, son histoire, son impact, c’est un modèle qui ne pourrait pas marcher« . Cependant, un marché du film en ligne sera mis en place pour les professionnels du cinéma, du 22 au 26 juin, afin de permettre les ventes et les acquisitions des œuvres.*

Autre piste possible : une alliance avec la Mostra de Venise, prévue en septembre 2020 pourrait être envisagée… Affaire à suivre.

Le festival International du film d’animation d’Annecy a lui opté pour une édition numérique, qui aura lieu aux dates initialement prévues, du 15 au 30 juin 2020. Cet événement inédit doit encore faire l’objet d’ajustements, mais il y aura bien un palmarès, et une remise de prix. La sélection officielle a d’ailleurs été annoncé le 15 avril, et est disponible ici !

Des annulations en cascade pour les festivals de musique cet été


Certains d’entre vous avez déjà certainement pris vos places pour les grands événements musicaux de l’été… Et bien c’est raté, ou du moins c’est partie remise ! Les festivals Solidays, Lollapalooza, We Love Green, le Hellfest, Les Vieilles Charrues ou encore Rock en Seine n’auront pas lieu cet été, pour le plus grand malheur des festivaliers. Les plus grands rassemblements autorisés se cantonneront au barbecue en famille, en respectant les distanciations réglementaires évidemment !

Si ces annulations sont décevantes pour les jeunes (et moins jeunes) Français impatients de retrouver leurs amis et de célébrer le retour de l’été lors de ces rendez-vous musicaux remplis d’amour et d’ondes positives, elles sont surtout catastrophiques pour le secteur culturel et ses acteurs (artistes, techniciens du spectacle, organisateurs, etc.). Pire encore, de nombreux festivals font face à des problèmes d’assurances, car certains assureurs refusent de prendre en charge les factures d’annulation, la cause de « Covid-19 » n’étant pas mentionnée dans les contrats.

De nombreux festivals comme We Love Greenet Solidays appellent ainsi à la solidarité chez les festivaliers, qui avaient déjà pris leurs billets, à ne pas demander de remboursement.

Le festival Hellfest a quant à lui décidé de se mobiliser en appelant sa communauté à participer à l’effort national contre la pandémie, et à soutenir les équipes du CHU de Nantes à travers une cagnotte en ligne. L’objectif de 66 666 euros a été atteint en 1 semaine !

Autre initiative proposée par certains festivals : une édition numérique ! C’est le cas du Printemps de Bourges, qui se réinvente en un Printemps Imaginaire. L’édition 2020 se déroule donc en ligne, cette semaine, du 21  au 26 avril, aux dates initialement prévues. Rendez-vous sur leur site officiel pour en savoir plus.

Le monde de la culture est très affecté par la situation actuelle et il faut dès à présent penser à « l’après ».  A l’heure de la reconstruction, le secteur culturel aura besoin d’aide et doit être considéré comme une priorité. En attendant, il est heureusement toujours possible de se cultiver depuis chez soi grâce à l’immensité de l’offre disponible sur internet : livres, films, séries, podcasts, visites virtuelles de musées, festivals en ligne etc. N’hésitez pas à consulter nos articles précédents à ce sujet.

#RestezChezVous

Par Alice Mourey

Pour l’autre article de la semaine, c’est ici !

De la culpabilité en temps de coronavirus

Depuis le fameux discours de 20h02 d’Emanuel Macron, le 11 mai sonne pour certain.e.s comme le retour des lendemains qui chantent, d’autres l’entendent comme le glas, annonçant la date limite pour finir de faire « toutes les choses qu’on s’était dites qu’on ferait quand on aura du temps, et pendant le confinement on a du temps donc ne perdons notre temps ». De mon côté, le 11 mai est gravé dans ma mémoire non pas depuis quelques jours, mais depuis des années. Tout d’abord parce que c’est la veille de l’anniversaire de ma grande sœur – mais ce moyen mnémotechnique ne concerne malheureusement  pas tout le monde, j’en ai conscience – et SURTOUT parce qu’il s’agit du jour où s’est éteint Bob Marley. 11 mai 81.

Si vous n’êtes pas adeptes mais curieux tout de même, je vous conseille d’écouter Marley du groupe Danakil, qui retrace en musique sa vie, voire même de réécouter ses albums ; un peu de détente ne fait pas de mal !

Assez parlé du 11 mai, nous en sommes encore loin, et revenons-en à notre mouton du moment : le confinement. 

Je ne vous énumérerai pas ici quoi que ce soit qui puisse encore allonger votre liste « des choses à faire » : leçons de japonais, entrainements de yoga, cours de cuisine végane, apéros skype et bien d’autres. Avec tous les articles qui foisonnent à ce sujet en ce moment, accompagnés des « meilleures » recommandations, je me sens tiraillée. J’ai sûrement un mental de chips, mais toute cette pression pour « rester actif » qui s’ajoute au fait de rester enfermer, me pousse à ne rien faire. Puis de l’inaction vient la culpabilité, Shakespeare et Newton n’ont-ils pas écrit des chefs d’œuvres et révolutionné la physique en confinement ?

Ne sachant où donner de la tête, je me suis plongée dans un livre. De quoi ai-je le plus besoin ? Une chambre à soi, de Virginia Woolf, m’a interpelée. J’en avais beaucoup entendu parler sans jamais le lire. Notamment dans le podcast Femmes puissantes sur France inter, interviewant des femmes de tous horizons. Et ça tombait bien, une camarade de classe venait de me le prêter. Confinée, ma chambre à moi, d’où j’écris cet article, est mon oasis, j’y trouve calme, solitude et soleil. Virginia, elle, y voit bien plus que ça : un sine qua non de l’émancipation féminine.

En effet, elle constate en 1929 avec désarrois l’absence d’une littérature féminine. Beaucoup empruntent des noms de plumes masculins, écrivent en cachette, pas sérieusement. Et quand les hommes parlent des femmes, c’est majoritairement à travers leurs relations. Comment expliquer telle domination ? Je ne vous en dévoile pas plus, et vous laisse (re)lire la suite de ses réflexions.

Depuis cette lecture, ayant définitivement abandonné mon programme de ministre et surmonté ma culpabilité, j’occupe mon temps libre en bronzant, en écoutant de la musique et des podcasts (à ceux déjà abordés dans cet article du blog, j’ajouterai No Fun sur Binge audio et le Grand Urbain sur France Inter, relatifs au rap) et en zonant sur Instagram.

Je vous ai donc concocté un petit concentré des 13 comptes Instagram que j’aime particulièrement, plus ou moins connus, à suivre (ou pas). 

Pour relativiser

theo.grosjean

Auteur de BD, Théo remporte en 2018 le prix Pépite BD au Salon du livre et de la presse jeunesse de Montreuil. Puis, en 2019, le prix de la meilleure bande dessinée de science-fiction du festival Utopiales à Nantes avec Un gentil orc sauvage. Sur Instagram, il publie régulièrement L’homme le plus flippé du monde, abordant avec humour l’anxiété, le stress, les angoisses … de quoi prendre du recul pendant le confinement !

Pour rire et ne jamais désespérer

laura_mncn

Laura raconte avec beaucoup d’humour sa vie quotidienne ! Et notamment ses nombreuses tentatives pour que son « Cheup » lui fasse enfin une demande en mariage ! Si jamais le moral lâche pendant le confinement, n’hésitez pas à faire un tour sur ce compte pour vous inspirer de sa ténacité.

Pour voir la vie en bleu…

nicole.chuard

Artiste plasticienne spécialisée dans la cyantotypie, Nicole publie sur Instagram des images de son monde azur. Plongez dans son univers merveilleux et poétique.

 … ou en multicolore

ilkflottante

Adepte de street art, Ludovilk, peint également de grandes compositions hautes en couleurs, aidé par son fils et acolyte. Pour le confinement, il a spécialement créé des coloriages que vous pouvez imprimer depuis chez vous !

Pour s’évader

museedesnuages

Pierre Bonnard et Sylvain Soussan partagent un sentiment. « Ce qu’il y a de mieux dans les musées ce sont les fenêtres ». Alors pendant ce confinement, le musée des nuages vous propose de partager vos plus belles photos depuis votre fenêtre.

Pour mieux connaître l’histoire de l’art

la.minute.culture

La minute culture c’est tous les lundis une story pour découvrir un nouvel artiste, des quizz, et surtout les meilleures blagues tout droit sorties des chefs d’œuvres du monde entier. 

Pour découvrir les coulisses des musées

paulperrin

Conservateur au département des peintures du Musée d’Orsay, Paul nous fait découvrir son quotidien au plus proches des œuvres d’art. 

Pour rigoler, et pas que

marinarollman

Humoriste, sur la scène de la cigale avec Un spectacle drôle, chroniqueuse sur la bande originale de France Inter et maîtresse d’un chien influenceur, Marina Rollman, nous fait rire et réfléchir sur notre société et notre consommation de tote bag entre autre.

Pour travailler sa diction

atrapenard

Présentateur de Boomerang sur France Inter, du Cercle et de 21cm sur Canal +, parrain de Bibliothèques sans frontières, Augustin nous réveille en lisant des lettres que lui ont confié des auteur.trices. J’ai particulièrement aimé celles d’Annie Ernaux et de Yasmina Khadra. (auteur qui a pris pour nom de plume le prénom de sa femme, les temps ont bien changé Virignia) 

Pour (re)découvrir La Fontaine

fabrice_luchini_officiel

Tous les trois ou quatre jours, Fabrice propose une vidéo sur l’une des fables de La Fontaine. On y découvre, entre autre, Le Corbeau et le Renard en verlan. 

Pour prendre son temps

rupikaur_ (en anglais) 

Poétesse et dessinatrice, Rupi est notamment connue pour son recueil de poème Milk and Honey. Elle y explore l’amour, la perte, le traumatisme, la féminité, l’estime de soi.

Pour affiner sa culture rap

mehdimouse

Journaliste mythique du rap français, il est passé par divers formats : le magazine en ligne L’abcdr du son, la radio avec La Sauce sur OKLM, le podcast en animant No Fun pour Binge Audio. Aujourd’hui il présente Rap Jeu sur Youtube via la chaine Red Binks. L’émission réunit les pointures du rap francophone pour tester leur connaissance sur ce sujet. Pendant le confinement, (presque) tous les jours vers 14h, il nous donne rendez-vous pour le confinmouse pour des interviews de rappeurs en direct. Il se livre aussi à des parties de roland gamos.

Pour connaitre la définition d’une clique

mouloudachour

Présentateur de Clique, Mouloud réunit sur son plateau (dessiné par Daniel Buren et Ora-ïto) des acteurs de la culture d’aujourd’hui : chanteurs, acteurs, écrivains, physiciens, humoristes, etc. On y retrouve aussi des pestacles, un professeur de rhétorique et beaucoup de bienveillance. Pendant le confinement, il continue d’animer Clique depuis chez lui, avec son chien Couscous, via instagram.

Voici donc la fin de ce petit tour des comptes Instagram (non exhaustifs) qui me font rire, rêver, m’inspirent et me rendent heureuse au quotidien. J’espère que ça sera le cas pour vous aussi et que j’ai peu vous faire découvrir de belles choses, n’hésitez pas à partager vos pépites également !

À Audencia, beaucoup d’étudiants partagent leur passion via Instagram, vous pouvez jeter un coup d’œil sur leurs comptes : @lil_serenade@jess.do.eat@bonjourcapucine@enjoy_food_with_philippine@ninaazoulai.videos

Et pour en revenir à la culpabilité de ne pas révolutionner l’art, la physique ou la finance, rappelez-vous que si pendant la grande peste de Londres, Shakespeare a pu se consacrer à l’écriture de King Lear, c’est grâce à sa femme qui gérait tout le reste. Qu’en est-il pour nous, aujourd’hui ? 

Par Coline Ménard

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Le phénomène Infinite Jest

Célébrant l’année prochaine ses vingt-cinq ans, Infinite Jest de David Foster Wallace est l’un de ces rares livres « qu’il faut connaître… mais qu’on a le droit de ne pas avoir lu »1 : retour sur un succès littéraire des plus inattendu.

Fort de plus d’un million d’unités vendues, le roman est pourtant loin de respecter les critères des best-seller de la littérature anglo-saxonne. Du haut de ses mille pages, ce à quoi viennent s’ajouter deux cents pages de notes annexes et une structure littéraire expérimentale, Infinite Jest n’est pas une œuvre destinée à tous les lecteurs, d’autant plus dans la mesure où l’auteur ne fait volontairement que de rares efforts pour maintenir ces derniers en haleine. Tel que le décrit Michael Pietsch – l’éditeur de Wallace – l’intrigue du roman est semblable à « un vase cassé dont on aurait essayé de recoller au hasard certains des morceaux » : à vrai dire, les événements présentés au fil du roman n’ont que peu d’importance, le dessein de l’auteur est bien plus conceptuel.

À défaut d’une autobiographie, Infinite Jest fait office d’un autoportrait à la fois de son auteur et de son époque. Dans un premier temps, David Foster Wallace semble se donner pour mission tout au long du volume de pointer du doigt, voire même de vulgariser certains des maux dont il a pu souffrir dans sa vie personnelle : des thématiques comme la solitude, l’addiction, la célébrité naissante sont incontournables. Plus généralement, le livre présage un avenir sombre à la société américaine postmoderne, en quête de repères dans un monde fondé sur l’ironie, l’hébétement et le divertissement, qui n’est pas sans rappeler les efforts de Guy Debord dans La Société du Spectacle.

Un succès en plusieurs temps

À cause de ses biais littéraires incontestables, le livre n’est pas parvenu dès sa sortie à pleinement communiquer sa thèse, ce qui a paradoxalement alimenté son succès. Effectivement, rares sont les lecteurs non-initiés qui sont parvenus à entendre le message voulu par l’auteur : l’œuvre a souvent été qualifiée de pompeuse, ennuyante et faussement intelligente, beaucoup s’arrêtant à l’intrigue décousue et hostile au moindre climax.

Infinite Jest ayant fait l’objet à sa sortie d’une couverture médiatique importante, David Foster Wallace s’est vite retrouvé propulsé au statut de figure publique, incarnant une sorte de génie incompris, à la fois célébré et moqué. Son roman fit l’objet de nombreux débats dans les cercles littéraires, polarisant à terme la majorité de l’opinion publique américaine : beaucoup avaient une opinion tranchée à son sujet mais rares étaient ceux qui l’avaient lu.

Si cette notoriété médiatique permit d’accorder un premier succès commercial au livre, celui-ci retrouva quelques années plus tard un second souffle. En effet, une nouvelle génération de lecteurs ayant préalablement entendu parler du volume s’avéra être bien plus sensible que ses ainés aux thématiques abordées. L’œuvre a su gagner en pertinence avec le temps, anticipant certaines des incertitudes de la société américaine : le roman résonna ainsi d’autant plus auprès de ce nouveau public.

Infinite Jest a par ailleurs redoublé de popularité grâce à l’édition puis l’adaptation au cinéma de Although Of Course You End Up Becoming Yourself 2, livre retraçant le vécu d’un journaliste ayant suivi Wallace lors de sa tournée promotionnelle : ces œuvres ont présenté l’auteur sous un angle plus intimiste alimentant son culte, et permettant l’avènement d’une nouvelle fanbase pour son roman.

À terme, Infinite Jest s’est internationalisé avec succès : par exemple, la sortie en France de la version traduite 3 a créé l’événement, le livre s’écoulant à près de vingt mille exemplaires en trois mois. Au-delà de la réputation de l’œuvre outre-Atlantique, les médias spécialisés ont présenté la traduction de ce roman comme une tâche digne d’un travail herculéen, ce qui a participé à capter un public plus large.

Si certains spécialistes hésitent encore à qualifier Infinite Jest d’un véritable classique de la littérature anglo-saxonne, l’ouvrage est pour sûr une œuvre singulière et incontournable de son époque, ayant suscité un phénomène qui lui aussi semble infini


1 Formulation d’Agnès Mannooretonil dans la revue Etudes (numéro de Janvier 2015)

David Lipsky, 2010, aux éditions Broadway Books

3 en 2015, sous le nom de L’Infinie Comédie, aux éditions Éditions de l’Olivier


Par Léonard Poupot

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10 films à voir absolument pendant le confinement

En ces temps troublés, l’accès à la culture n’a jamais été aussi complexe, et paradoxalement, l’offre proposée en ligne et à la télévision ont rarement été aussi développées et riches. Comment s’y retrouver ? Que peut-on regarder en période de confinement ?

Quand il s’agit de cinéma, on a souvent tendance à se reposer sur des valeurs sûres, des noms qui nous rappellent quelque chose, des films dont on a déjà entendu parler ou qui nous ont été conseillés. Mais n’y a-t-il pas d’autres possibilités de découvertes ? N’y a-t-il pas des films accessibles qui valent qu’on les regarde et qu’on s’attarde dessus ? 

Voici un classement historique de 10 films à regarder en cette période de confinement, allant de chef d’œuvre du cinéma des années 20 à la production Netflix controversée. Du film le plus connu d’une bande d’humoristes anglais au film le plus injustement sous estimé d’un génie de l’animation japonaise. Ce classement n’est pas des plus objectifs, mais il donne à voir un panel de films qui ont, à leur manière, marqué l’histoire du cinéma et sont disponibles sur Netflix ou encore YouTube.

1. Sherlock Junior – Buster Keaton (1924)

Lorsque l’on pense au cinéma du début du siècle dernier, particulièrement le cinéma muet, un nom nous vient tout de suite à l’esprit : Charlie Chaplin. Force est de constater qu’il n’était pas seul et, qu’à l’époque, un autre cinéaste arrivait à tirer son épingle du jeu. Meilleur cinéaste que Chaplin d’un point de vue technique, Tom Cruise avant l’heure puisqu’il faisait lui-même ses propres cascades, Buster Keaton est un monument du cinéma muet. Son moyen métrage, Sherlock Junior, narre l’histoire d’un jeune projectionniste rêvant d’être détective. Un jour, il s’endort lors de la projection d’un film et rêve qu’il est le meilleur détective au monde. 

Le film est drôle, Keaton crève l’écran, parvenant à nous faire rire autant que nous toucher. La courte durée du film en fait un très bon avant-goût du cinéma de l’époque, beaucoup plus riche et actuel qu’on a tendance à le croire.

Disponible sur YouTube

2. Le Dictateur – Charlie Chaplin (1940)

On ne peut que mettre en avant le cinéma sans parler de Chaplin, particulièrement dans Le Dictateur. Satyre de grande qualité, visionnaire s’il en est, Le Dictateur est un film d’une finesse remarquable, trop facilement oublié. Il reste actuel, compréhensible et divertissement même en 2020. 

Nous suivons ici, dans un ghetto juif, un petit barbier. Celui-ci ressemble trait pour trait à Adenoid Hynkel, dictateur de Tomania ayant décidé de l’extermination du peuple juif. Pendant l’une des nombreuses rafles, le barbier est arrêté… Ce film dépasse les limites de la cinématographie, il est engagé, historique et sociologique. Le film est drôle, intéressant historiquement et surtout contient l’un des discours les plus touchants et vrais de l’histoire du cinéma.

J’ai réalisé ce film pour me venger de celui qui m’a volé ma moustache !

Chaplin

Disponible sur Youtube

3. Mean Streets – Martin Scorsese (1973)

Mean Streets est loin d’être le film le plus connu de Scorsese. Pour autant, il n’en reste pas moins l’un des plus importants. En effet, c’est ce film qui le fait connaître en France et dans le monde, assurant son passage et faisant de lui un réalisateur important. Sa sélection au festival de Cannes, à la quinzaine des réalisateurs y est pour beaucoup. Scorsese nous livre ici un film de très bonne facture, qu’il veut autobiographique et qui marque les débuts de sa collaboration avec Robert de Niro. Le film vaut le coup d’œil rien que pour la naissance de ce duo acteur-réalisateur, qui est aujourd’hui l’un des plus célèbres de l’histoire du cinéma.

L’histoire se déroule en 1973, à New York, dans le quartier de Little Italy. On suit Johnny Boy et Charlie, deux petits malfrats toujours à la recherche de combines peu légales. Dans un des quartiers les plus touchés par la mafia à l’époque, il se retrouvent à côtoyer les mafieux qu’ils envient.

Scorsese ayant grandi à Little Italy, il est familier avec la situation du quartier à l’époque, dont il dévoile les dessous, racontant une partie de sa vie par la même occasion.

Disponible sur Netflix

4. Monthy Python : Sacré Graal – Terry Gilliam et Terry Jones (1977)

Surement l’un des films les plus absurdement drôles de l’histoire du cinéma. C’est avec une œuvre pétrie de l’influence culturelle britannique, d’un humour propre à nos meilleurs ennemis et d’une bonhommie de chacun des acteurs que les Monty Python se placent comme une référence de l’humour. 

Premiers maitres de l’absurde, ils ont influencé le cinéma comique français bien des années plus tard, notamment Alain Chabat et les Nuls dans La Cité de la Peur ou encore les Robins des bois dans RRRrrrr !!!.

Dans ce film, nous assistons à une quête du Graal des plus complexes, semée d’embûches et d’ennemis peu communs.

Ce qui fait la force des Monty Python, c’est qu’ils n’ont jamais cessé d’être actuels et novateurs. Par leur tour de force ils arrivent à faire rire tout le monde indifféremment, ce qui fait de Sacré Graal un film acclamé à juste titre.

Disponible sur Netflix

5. Delicatessen – Jean-Pierre Jeunet et Marc Caro (1991)

Une chose est sûre : ce film ne laisse pas indifférent. Film de genre français, il s’inscrit dans la tradition du cinéma de série B qui a été père de nombreux grands films en France. Une atmosphère visqueuse, des personnages attachants, une ambiance poisseuse, il n’en faut pas plus pour faire de ce film une réussite trop peu connue.

On retrouve Louison, un garçon rêveur et débrouillard, engagé en tant qu’homme à tout faire dans un immeuble d’une ville désertique dont on ne sait rien à part qu’elle a été détruite par la guerre. Il est employé par un boucher peu scrupuleux qui a une méthode de travail bien à lui et qui fait régner la terreur dans le voisinage, particulièrement les habitants de l’immeuble dont sa fille : Julie.

On ne sait rien de ce qu’il s’est passé avant que Louison arrive mais cela n’est pas nécessaire, l’ambiance sombre et viscérale nous tient tout le long du film…

Disponible sur Netflix

6. Porco Rosso – Hayao Miyazaki (1992)

Ce film n’est pas le plus connu de Hayao Miyazaki, mais cela ne veut pas dire que c’est l’un des moins intéressants. Peut-être le film le plus adulte de son réalisateur, il est à voir absolument. La poésie si propre à Miyazaki est ici exacerbée et plus touchante que jamais.

Nous sommes en Italie. Un pilote de talent est victime d’un sortilège qui le transforme en cochon. Il se retire sur une île déserte de l’Adriatique et devient l’un des chasseurs de prime les plus redoutés du pays. Admiré par son charisme et son bagout, il n’en reste pas moins un personnage dont les pensées et l’histoire sont nimbées de mystère.

Le film est d’une douceur et d’un optimisme très particuliers. À noter une VF particulièrement de qualité avec Jean Reno dans le rôle principal, Jean-Luc Reichmann ou encore Gérard Hernandez !

Disponible sur Netflix

7. The Neon Demon – Nicolas Winding Refn (2016)

Une fois encore, ce n’est pas le film le plus connu de Nicolas Winding Refn, réalisateur de Drive, mais peut-être pourtant le plus abouti. On sent une très grande maîtrise technique dans la réalisation et la photographie est, comme dans chacun de ses films, hors-pair. Il met en avant le complexe monde de la mode à travers un œil acerbe et dur. 

L’histoire semble plutôt classique : une jeune fille arrive à Los-Angeles dans l’espoir de devenir mannequin. De par sa beauté et sa pureté, son ascension est des plus fulgurantes et elle attire jalousie et convoitises. Certaines de ses concurrentes s’inclinent devant elle, mais d’autres sont prêtes à tout pour s’approprier sa beauté. Elle ne laisse personne indifférent et le sait pertinemment…

C’est là un film dur et empreint de la patte de son réalisateur : peu de dialogue, une chronologie relativement calme et une ambiance prenante. 

Disponible sur Netflix

Si le film vous intéresse et que vous cherchez à mieux comprendre l’homme qu’est Nicolas Winding Regn, allez sur le site By NWR qui regroupe des films que le réalisateur apprécie particulièrement et dont il a acquis les droits. Cela permet de visionner gratuitement des pépites perdues du cinéma.

 8. Okja – Bong Joon-Ho (2017) 

Film controversé d’un réalisateur aujourd’hui acclamé. Okja a connu des débuts difficiles lors de sa sortie et de sa sélection au festival de Cannes, en partie à cause de la chronologie des médias. Comme les autres films de Bong Joon-Ho, c’est une œuvre qui parle des problèmes d’actualité, ici la consommation animale et tout ce que cela entraine. 

Dans cette production Netflix, une petite fille d’éleveur devient amie avec un cochon créé génétiquement de toute pièce et qui s’appelle Okja. Mais lorsque Okja devient assez imposant, l’entreprise qui l’a créé décide de le récupérer pour pouvoir l’exploiter. Cela force la petite fille, adolescente à ce moment, à tout tenter pour le retrouver.

Ce film est touchant, lourd de sens, et nous fait découvrir un autre aspect du cinéma coréen. En tant que film international, tous les acteurs ne sont pas Coréens : nous avons la chance d’y trouver Tilda Swinton, Jake Gillenhaal ou encore Paul Dano, ce qui rend sont appréhension peut être plus facile.

Disponible sur Netflix

Si vous appréciez le cinéma coréen et que vous ne savez pas vers où vous tourner, consultez la chaine YouTube 한국고전영화Korean Classic Film, qui regroupe des dizaines de classiques du cinéma coréen.

9. Uncut Gems – Joshua et Ben Safdie (2019)

C’est un film surprenant et qui, étonnement, fait beaucoup de bien. Adam Sandler y est impressionnant et ne dénote pas un instant avec l’ambiance Old School, années 2000. C’est un film qui parvient à nous tendre du début à la fin, avec un réel travail sur une esthétique des films des années 1990 et 2000. Il nous rappelle les films de notre enfance avec justesse et une pointe non négligeable de modernité.

Adam Sandler y joue un bijoutier véreux basé à Diamond District à New York et qui traine dans des combines louches. Sa vie va être bouleversée lorsque sa marchandise se fait voler.

L’action est pertinente et pleine de surprise jusqu’au bout, le travail à la réalisation est rondement mené. Un film qui ne devrait pas passer inaperçu.

Disponible sur Netflix

10. La Plateforme – Galder Gaztelu-Urrutiav (2020)

Une des dernières productions Netflix, La Plateforme n’est pas un film qui véhicule un message fort, les réalisateurs sont même un peu maladroits à certains moments. Mais c’est un film qui prend, qui perturbe, de même qu’un thriller psychologique qui fonctionne. On y reconnaît le talent des réalisateurs espagnols pour le cinéma de genre.

Un homme se retrouve dans ce qu’on appelle la Plateforme (El Hoyo en VO). Tout ce qu’il sait c’est qu’il y a deux personnes par niveaux. Le nombre de niveaux est inconnu, de même que ce qu’ils doivent faire. L’homme a uniquement eu le droit à prendre un objet : le livre de Cervantes, Don Quichotte de la Mancha. Nous le suivrons au cours de ses 6 mois dans La Plateforme.

C’est un film intéressant, pertinent, parfois terrifiant. À chaque fois que l’on s’imagine que le personnage principal est au sommet de la difficulté, une nouvelle fait son apparition et nous plonge un peu plus dans les profondeurs d’el Hoyo.

Disponible sur Netflix

Voici donc une sélection qui, je l’espère, vous rendra curieux de toutes les potentialités du cinéma en dehors des grosses productions actuelles – qu’elles soient françaises et étatsuniennes. N’oubliez pas de profiter de cette période pour vous cultiver et regarder des films.

Par Louis Perrin

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La culture a portée de clic !

La lecture est une porte ouverte sur un monde enchanté.

François Mauriac

Jour X du confinement. Après avoir virtuellement arpenté les galeries et musées du monde entier, vous vous êtes laissés tenter par l’évasion cinématographique et avez écouté en boucle vos podcasts préférés. Vous avez profité de l’ennui sans culpabiliser et peut-être même suivi un coaching sportif depuis votre salon. Mais malgré tout, le temps se fait long.

Alors nous avons décidé de continuer notre tour d’horizon de la culture à portée de clic. Et puisque la lecture est une porte ouverte sur un monde enchanté, autant lui consacrer aujourd’hui, plus que n’importe quand, ce billet. Comment faire lorsque vous avez épuisé les ressources de votre bibliothèque et que toutes les librairies et médiathèques sont fermées ? Fort heureusement, Internet regorge de ressources en tout genre : récits de tout type et époque, roman moderne et littérature classique, pour adultes et enfants… Petit panorama.

Les distributeurs de produits culturels et librairies ouvrent l’accès aux ebooks

Le premier diffuseur indépendant de livres numériques e-Dantès a ouvert la marche en mettant en place, en concordance avec leurs éditeurs et leurs auteurs, un système d’envoi quotidien d’ebooks gratuits par mail. Cette offre est valable sur 5 jours, à raison de 3 titres par jour. Une opération similaire a été lancée à l’initiative de Clément Bourgoin : Bol d’Air vise à offrir un livre numérique quotidiennement à ses lecteurs. Les premiers titres proviennent d’éditeurs comme Bélial’, Dystopia, Velvet, Scylla et Les Règles de la nuit. 

De nombreuses œuvres sont également proposées gratuitement et en libre accès sur diverses plateformes numériques. Le site de la Fnac propose 500 livres, des aventures de Sherlock Holmes et personnages de Jules Verne aux romans angoissants de Stephen King, en passant par les classiques L’art de la Guerrede Sun Tzu et Les quatre filles du docteur Marchpar Louisa May Alcott. Dans la même démarche, Cultura a rendu disponible 3 000 ebooks gratuitement, et là encore il y en a pour tous les goûts : auteurs classiques, nouvelles, polars, romance ou fantasy mais aussi des exclusivités et extraits de nouveautés ! 

La librairie Le Furet du Nord offre quant à elle 5 000 œuvres en téléchargement parmi lesquelles des nouvelles, bandes dessinées, livres historiques et de genre. La librairie explique sur son compte Instagram le contenu : « Plus de 2 500 grands classiques complets, mais aussi plusieurs romans d’auteurs auto-édités, nouvelles et extraits pour tester tous les genres de littératures ! ». Et il en est de même pour la librairie Decitre, qui, jusqu’au 5 avril, a lancé l’opération #LisezChezVous, regroupant sur son site 90 ebooks téléchargeables gratuitement. 

Les maisons d’édition passent au virtuel 

D’autres se prêtent également au jeu, comme c’est le cas des maisons d’édition Dargaud et Le Lombard, qui proposent des bandes dessinées à feuilleter en ligne. Boule & Bill, Silex and the City, Murena ou encore Klaw… de quoi à satisfaire les plus jeunes comme les adultes, en un clic. Delcourt, Soleil ou encore Glénat, eux aussi spécialistes en BD, s’en remettent à leur partenaire Izneo pour rendre accessible gratuitement certains de leurs titres.

Les Éditions La Découverte, spécialisées dans les essais sur les sciences humaines et sociales, ont, elles aussi, décidé de faire face au problème en proposant quelques ouvrages, avec l’accord des auteurs et autrices concernés. Une bonne occasion de découvrir des essais originaux, comme la lecture de circonstance Chez soi, par Mona Chollet. 

Toujours hors des sentiers battus, certaines micro maisons d’éditions s’engagent pour proposer des lectures pendant le confinement. Entre autres Monstrograph et ses livres « hors cadre », comme le plaidoyer pour l’optimisme L’éloge des fins heureuses de Coline Pierré ou encore la Petite encyclopédie des introvertis. Mais aussi La Fabrique et ses essais philosophiques inspirants, comme les réflexions de Françoise Vergès sur le Féminisme décolonial et celles d’Eric Hazan sur La dynamique de la révolte

Le catalogue de la Bibliothèque Nationale de France accessible en ligne

Avis aux amateurs d’ouvrages académiques : la Bibliothèque Nationale de France reste accessible malgré la fermeture de ses portes le 14 mars dernier. Ses lecteurs peuvent retrouver sur son site des millions d’ouvrages, podcasts et médias via la plateforme Gallica.

Dans le même esprit, le Projet Gutenberg a mis en ligne, grâce à l’aide de milliers de bénévoles, 54 000 livres numériques libres de droit. Parmi ces écrits, de nombreux classiques indémodables et ouvrages anciens (tombés dans le domaine public) sont aujourd’hui consultables en ligne. Parmi eux, les romans de Colette, poèmes surréalistes d’André Breton et écrits de George Sand. 

Finalement, TV5 monde propose à la lecture 572 classiques de la littérature francophone. Sur la plateforme de la chaîne, Apollinaire côtoie Proust et Voltaire dans un rendez-vous entre grands noms. 

Littérature jeunesse libre, une plateforme dédiée aux plus jeunes

Le site Littérature jeunesse libre regroupe pas moins de 1 014 livres à télécharger au format ePub* ou PDF. Cette bibliothèque en ligne s’adresse à des enfants entre 0 et 12 ans et regroupe des œuvres modernes comme des classiques. On y retrouve aussi bien Rose et Rocky, écolos en herbe d’Annie Besant, paru en 2018, que les Fables de La Fontaine. Un bon moyen de compléter les ouvrages jeunesse contenus dans les ressources citées précédemment. 

*Le format ePub (application à télécharger gratuitement) est le plus utilisé mais il est possible de retrouver également des livres en format PDF, Minipocket, HTML ou même Word. Le chargement d’une liseuse, smartphone, ordinateur ou tablette peut se faire facilement et sans barrière.

(Re)découvrir les livres audio

Si vous n’êtes pas « lecture » au sens premier du terme, le livre audio peut être une alternative qui renoue avec la tradition de la transmission orale des récits. À ce titre, Audible a ouvert gratuitement le téléchargement de ses ouvrages jeunesse et jeunes adultes. De même,  le site Littérature audio propose plus de 6 000 livres téléchargeables gratuitement en MP3 offerts par l’association « Des Livres à Lire et à Entendre ». Quelques 300 livres audio de Biblioom viennent s’y ajouter.

Ceci, sans compter la multitude de podcasts disponibles…

Finalement, si cette balade (non exhaustive) dans le paysage de la lecture numérique ne vous a pas convaincue, une dernière option s’offre à vous : piocher dans les réserves. Cette période de confinement est, plus que jamais, l’occasion de lire ou de relire des livres. Ceux qui dorment sur les étagères de vos bibliothèques, ceux que vous avez autrefois aimés, ceux que vous n’avez jamais lus, faute de temps, parce qu’ils sont volumineux, parce qu’ils sont impressionnants ou qu’ils vous effraient. 

Par Elsa Pallavidino

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La révolution podcasts !

Après ces trois semaines de confinement, vous avez sûrement déjà épuisé tous les moyens pour faire passer le temps. Si allumer la télévision vous déprime trop, que vous avez passé en revue toute votre bibliothèque et que vous ne savez plus quoi regarder sur Netflix, pas de panique, vous êtes sur la bonne page !

C’est peut-être le moment de découvrir (ou de redécouvrir) un certain type de contenus audio en libre accès sur internet, en ce moment très à la mode : les podcasts. Ce format, qui paraît un peu vieillot au premier abord, connaît un regain de popularité avec la multiplication des contenus proposés, dont certains sont de très bonne qualité, et la diversité des thèmes abordés (société, entreprise, philosophie, actualité, économie, politique, histoire, etc.).

Vous trouverez dans ces lignes un petit panel de podcasts inspirants, parfois engagés, traitant de sujets de société et d’actualité, qui vous permettront de développer votre réflexion tout en vous divertissant !

Arte Radio

ARTE Radio est une web-radio qui produit des podcasts, sous la forme d’émissions, de documentaires ou de fictions, sur notre monde et les curiosités qu’il s’y passe. Vous pourrez notamment écouter l’actualité décryptée par Olivier Minot avec son émission Dépêche !, qui chaque mardi déchiffre et parodie les nouvelles de la semaine. Ne passez surtout pas à côté de l’émission féministe Un podcast à soi, présentée par Charlotte Bienaimé, et décortiquant des sujets très actuels qui abordent les thèmes de genre, de féminité et d’égalité des sexes. Ce qui rend ces podcasts réellement intéressants sont les nombreux témoignages qui viennent ponctuer le débat et le faire avancer.

Binge Audio

Parmi les incontournables de Binge Audio (et il y en a !), l’émission Kiffe ta race, présentée par Rokhaya Diallo et Grace Ly, qui lèvent les tabous sur un sujet trop peu traité en France : la question raciale et des inégalités. Si vous trouvez que l’on parle trop de féminisme, et pas assez de masculinité, écoutez les podcasts Les couilles sur la table, animés par Victoire Tuaillon qui déconstruit et analyse les aspects de la masculinité contemporaine. Enfin, pour celles et ceux qui souhaiteraient mieux comprendre l’actualité, rendez-vous tous les jours dans Programme B, où Thomas Rozec se chargera pour vous de questionner les spécialistes et experts de ces sujets. 

Yessspodcast, des podcasts de warriors

Les podcasts YESSS sont produits et animés par trois marseillaises : Elsa Miské, Margaïd Quioc et Anaïs Bourdet. Elles ont un parti-pris bien tranché pour les femmes, ces « guerrières du quotidien ». Ces podcasts racontent les victoires journalières de femmes contre le sexisme, et ça fait du bien ! On y parle entre autres d’études, de maternité, de règles, de sport…

France culture

Plus besoin de le présenter, France Culture est un incontournable en matière de podcasts, puisque c’est la radio culturelle nationale publique française. Elle propose tous les jours différentes émissions, analysant l’actualité économique, historique, politique, littéraire et scientifique en France et à l’étranger. En voici trois qui méritent le détour :

LSD, La Série Documentaire

Chaque semaine, Perrine Kervran présente un grand thème qui sera décortiqué en quatre épisodes répartis chaque jour du lundi au jeudi. Chaque épisode dure 54 minutes et traite de sujets sociaux, historiques, économiques, environnementaux ou sociétaux. Les documentaires portent sur la santé, l’avortement, la question de la diversité, les jeux vidéo, l’homosexualité, le terrorisme ou encore d’art. Bref, autant de sujets s’inscrivant complètement dans l’air du temps et dont le confinement est le moment idéal pour étayer ses connaissances en la matière.  

Les pieds sur terre

Sous un autre format de podcast, Les pieds sur terre, présenté par Sonia Kronlund, propose tous les jours un reportage à la première personne, uniquement basé sur les témoignages et histoires vraies de plusieurs personnes. Là encore, on y trouve de tout : des récits de survivalistes se préparant au pire à celui d’une cleptomane de 29 ans luttant contre son addiction, en passant par l’histoire de travailleuses du sexe dans une maison close.

Toute une vie

Chaque samedi, ce rendez-vous hebdomadaire propose un tour d’horizon de la vie de femmes et d’hommes qui ont marqué l’histoire, tels que Simone de Beauvoir, Miriam Makeba, Coluche ou encore Primo Levi, pour ne citer qu’eux.

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Tous ces podcasts sont à écouter pendant son jogging, en cuisinant, ou simplement chez vous, confortablement installés dans votre canapé. N’hésitez pas à aller faire un tour sur chacune des chaînes, d’autres podcasts qui n’ont pas été énumérés dans ces lignes vous y attendent, il y en a véritablement pour tout le monde !

Bon confinement #restezchezvous

Par Manon Perget

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